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Un documentariste français incarcéré cinquante jours en Turquie pour une pierre

Joël Soler entouré de Carole Bouquet, Jane Fonda et Yamina Benguigui au festival du film d’Abou Dhabi, en 2008. Joël Soler entouré de Carole Bouquet, Jane Fonda et Yamina Benguigui au festival du film d’Abou Dhabi, en 2008.

LETTRE D’ISTANBUL

Joël Soler, 52 ans, documentariste originaire d’Alès (Gard), n’est pas près d’oublier son récent séjour en Turquie. Arrivé le 26 septembre 2020 à Istanbul pour des repérages en vue d’une série documentaire sur les Rois mages, il a passé son temps à sillonner les régions de l’est du pays, à la recherche de vestiges, légendes, lieux mythiques susceptibles de nourrir son projet.

Les voyages à l’étranger, il connaît, pour avoir tourné plusieurs documentaires au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique. « Après avoir réalisé pendant quinze ans des films à connotation politique, notamment sur des dictateurs, Saddam Hussein, Omar Bongo, Ferdinand Marcos et d’autres, je pensais que ces rois d’Orient m’assureraient une certaine tranquillité ! », raconte-t-il par téléphone depuis l’Espagne, son lieu de résidence, où il est rentré le 31 janvier.

A un moment de son périple, le Français a le coup de foudre pour une pierre sculptée, « un genre de stuc avec un dessin », proposée à la vente pour 50 euros sur un marché. Il est alors loin de se douter des conséquences de son achat.

« Tout est en règle »

Le 1er octobre, alors qu’il est sur le départ à l’aéroport Sabiha-Gökçen d’Istanbul, la police le retient, l’interrogeant sur la présence de cette pierre dans sa valise. Des vérifications sont faites auprès d’experts pour savoir si l’objet n’est pas « un bien culturel protégé ».

Au bout de deux heures, les policiers lui disent qu’il peut partir – il n’y a pas d’infraction. Il veut alors laisser la pierre au commissariat de l’aéroport, mais les policiers l’en dissuadent, lui disant que « tout est en règle ».

Joël Soler les croit. Comme il a raté son vol, il achète un nouveau billet pour la France, via Londres. Mais une fois dans l’avion, une hôtesse lui demande de rassembler ses affaires et de sortir, car des policiers veulent l’interroger. « Ils étaient là à m’attendre à la sortie de l’avion, les mêmes que ceux à qui j’avais eu affaire quelques heures plus tôt. »

Retour au commissariat de l’aéroport, où il va passer la nuit. Cette fois-ci, les entretiens portent aussi sur ses films. Son téléphone portable est saisi, ses photos, ses emails, ses documents de travail, ses contacts en Turquie sont scrutés. Le lendemain matin, il comparaît devant un juge qui lui notifie son incarcération à la prison de haute sécurité de Maltepe, à Istanbul. Quelques heures plus tard, les portes de la prison se referment sur lui. « J’étais abasourdi, je n’y comprenais rien. Qu’avais-je fait de si grave ? »

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