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Huit anciens chefs des FARC accusés de « crimes contre l’humanité » en Colombie

Des familles de victimes du conflit armé en Colombie accompagnées du magistrat  Alejandro Ramelli lors de l’enterrement de leurs proches, à Dabeiba (département d’Antioquia), le 10 novembre 2020. Des familles de victimes du conflit armé en Colombie accompagnées du magistrat  Alejandro Ramelli lors de l’enterrement de leurs proches, à Dabeiba (département d’Antioquia), le 10 novembre 2020.

Quatre ans après la signature de l’accord de paix avec la guérilla marxiste, la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) vient de mettre en accusation huit anciens commandants guérilleros pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité ». Cette première inculpation, annoncée à Bogota le 28 janvier, porte sur les quelque 20 000 séquestrations dont le mouvement armé s’est rendu coupable entre 1990 et 2016.

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Les anciens chefs guérilleros ont un délai de trente jours pour reconnaître leur responsabilité et bénéficier des réductions de peine prévues par l’accord de paix, ou pour la rejeter. Les partisans de l’accord de paix célèbrent « une décision judiciaire historique ». Ses détracteurs, qui n’ont cessé de dénoncer le supposé laxisme de la JEP envers les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), sont privés de leur principal argument. La Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, qui a été otage de la guérilla de 2002 à 2008, a approuvé la « sévère inculpation qui élimine toute possibilité d’impunité ou d’amnistie pour les anciens chefs des FARC ».

Dans un rapport de 322 pages, la JEP décrit dans le détail l’horreur des enlèvements et des prises d’otages. Le document décrit « une politique systématique de l’organisation pour se financer et faire pression sur les pouvoirs publics ». Le chiffre de 21 396 victimes est très supérieur à toutes les estimations passées.

Plus d’un millier de victimes et 257 guérilleros ont été entendus

Le texte rappelle que des femmes et des jeunes enfants ont été séquestrés, que des otages sont restés prisonniers pendant des années (l’un d’eux pendant quatorze ans), parfois mis en cage ou enchaînés, que plus de 10 % des captifs ne sont jamais revenus, que des familles ont dû payer pour récupérer le cadavre de leur proche, que la dignité humaine a systématiquement été bafouée. « Jamais une décision judiciaire n’avait révélé autant de vérités sur les pratiques et la cruauté des ex-FARC », souligne le juriste Rodrigo Uprimny.

Autrice du rapport, la magistrate Julieta Lemaitre a résumé d’une phrase les 322 pages : « Ce ne sont pas des erreurs qui ont été commises, ce sont des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. » Homicides, disparitions forcées, traitements cruels, violences sexuelles, déplacements forcés : les ex-guérilleros se sont également rendus coupables de crimes connexes aux enlèvements et prises d’otages. « Il y a eu crimes contre l’humanité parce qu’il y a eu intention d’attaquer la population civile de manière systématique et généralisée », précise la magistrate. Plus d’un millier de victimes et 257 guérilleros ont été entendus par le tribunal.

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