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Au Chili, plusieurs policiers condamnés pour le meurtre d’un jeune mapuche

Le visage de Camilo Catrillanca est régulièrement tagué sur les murs des villes du Chili, comme ici le 14 novembre à Santiago. Le visage de Camilo Catrillanca est régulièrement tagué sur les murs des villes du Chili, comme ici le 14 novembre à Santiago.

« Cette sentence est la condamnation la plus élevée au niveau national pour ce type de crime contre les droits humains. » C’est ainsi que le procureur de la région de l’Aracaunie (sud du Chili), Cristian Paredes, a qualifié la sentence rendue jeudi 28 janvier par le tribunal d’Angol (à 600 kilomètres au sud de Santiago) dans le procès de plusieurs policiers pour le meurtre de Camilo Catrillanca, en 2018.

Huit personnes – sept policiers ou anciens policiers et un avocat – ont été condamnées à des peines allant de deux mois avec sursis à seize ans de prison ferme. La plus lourde des condamnations vise l’ex-carabinero Carlos Alarcon, qui devra purger onze ans pour le meurtre de Camilo Catrillanca et cinq ans pour la tentative de meurtre de l’adolescent qui accompagnait ce dernier. Une condamnation lourde et rare au Chili, où les affaires de violences policières se soldent souvent par l’impunité des accusés. Les autres personnes mises en cause dans ce procès ont notamment été condamnées pour obstruction à l’enquête.

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Le 14 novembre 2018, à Temucuicui, dans l’Araucanie, Camilo Catrillanca, 24 ans, est tué par la police d’une balle dans la nuque alors qu’il conduit son tracteur et ne porte pas d’arme. L’adolescent qui l’accompagne est arrêté par la police. Les deux jeunes hommes sont membres d’une communauté mapuche, le principal peuple indigène du Chili. Camilo Catrillanca, agriculteur et père d’un enfant (sa compagne était enceinte d’un deuxième au moment de son décès), est connu localement pour son engagement en faveur de la récupération des terres ancestrales dont les indigènes ont été spoliés.

Symbole

Les policiers impliqués affirment d’abord qu’un affrontement a eu lieu lors d’une intervention des forces spéciales (une unité d’élite surnommée « Comando Jungla », déployée dans le sud du Chili), et que des tirs ont été échangés avec les Mapuches. Mais cette version est contredite par les vidéos filmées par les caméras dont sont munis les policiers et leurs véhicules – révélées par le site d’investigation chilien Ciper un mois après les faits.

Le jour de la mort de Camilo Catrillanca, la police était sur la trace de trois véhicules volés, et les policiers auraient pris les deux Mapuches pour les voleurs recherchés. L’enquête a révélé que l’un des carabineros s’était débarrassé de la carte mémoire de sa caméra GoPro, prétendant que celle-ci avait aussi filmé des moments intimes avec son épouse, avant de reconnaître qu’il s’agissait d’un mensonge.

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