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« Les policiers grecs nous ont traités comme des bêtes » : des Afghans refoulés de Grèce vers la Turquie témoignent

Des migrants attendent un bateau pour traverser la rivière Maritsa, à Edirne, pour rejoindre la rive grecque, le 1er mars 2020. Des migrants attendent un bateau pour traverser la rivière Maritsa, à Edirne, pour rejoindre la rive grecque, le 1er mars 2020.

Il n’a fallu que vingt-quatre heures à Najiba (le prénom a été modifié) et seize autres Afghans pour quitter la Turquie via la mer Egée et arriver en Grèce, avant d’être arrêtés par la police hellène et renvoyés en Turquie. Au petit matin du 9 septembre 2020, la mer Egée est calme, la météo clémente, promettant une traversée facile et sans embûches. Rassurée, Najiba, âgée de 21 ans, a payé 800 dollars (660 euros) avant de monter, de nuit, dans un bateau pneumatique à Izmir, sur la côte turque.

Faute de moyens, les parents de Najiba avaient décidé qu’elle partirait seule pour l’Europe : dans leur esprit, elle aurait, seule, plus de chance d’obtenir l’asile, afin de faire venir ensuite les autres membres de sa famille.

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« Nous sommes arrivés sur l’île [grecque] de Samos entre 5 heures et 6 heures du matin. Il faisait déjà jour », se rappelle Najiba. Le groupe marche alors pendant six heures avant d’être arrêté par des policiers grecs qui patrouillaient au large. « Ils nous ont fouillés, nous ont volé nos téléphones portables et l’argent dans nos portefeuilles, explique Najiba, jointe par téléphone. Il y avait deux jeunes garçons de 16 ans avec nous. La police les a battus avec des bâtons en bois. Ils ont eu des bleus sur le corps et des bosses. »

« Traités comme des bêtes »

Dans l’embarcation, ce 9 septembre, Najiba a fait connaissance avec Hussein (un pseudonyme), qui voyageait avec sa femme, ses trois enfants, son frère, sa mère, sa sœur enceinte et les trois enfants de cette dernière. « Les policiers grecs nous ont traités comme des bêtes. Ils ont osé fouiller nos femmes aussi. Nos pièces d’identité ont été confisquées. Moi aussi, j’ai été roué de coups », s’indigne cet ancien militaire de l’armée afghane.

Il y a cinq ans, cet Afghan de 37 ans a préféré fuir son pays natal après avoir reçu les menaces des talibans. « La dernière fois, ils avaient collé une lettre menaçante sur la porte de ma maison à Kaboul, se souvient Hussein. Ma femme a fini par craquer. “Et s’ils te tuent, que va-t-on devenir ?”, m’a-t-elle demandé. » Hussein et toute sa famille sont partis d’abord en Iran, ensuite en Turquie.

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Sur l’île de Samos, une fois arrêtés par les policiers, les Afghans sont contraints de monter dans un grand bateau. Le soleil tape. « Sans eau et sans nourriture », précise Najiba. « Je n’arrêtais pas de leur dire : “water”, en montrant nos jeunes enfants, explique Hussein. Mais ce n’est qu’à deux heures du matin que l’un des policiers, le plus gentil, nous a donné deux grosses bouteilles d’eau, à l’insu de son commandant. »

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