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Covid-19 : soupçons de violations des droits de l’homme dans des centres d’isolement du nord de l’Argentine

Dans le couloir d’une école publique, une petite fille de 4 ans tend le bras à travers une porte grillagée pour qu’un membre du personnel soignant, de l’autre côté, prenne sa température sur son poignet. Cette vidéo tournée au téléphone portable dans l’un des centres d’isolement pour malades du Covid-19 et cas contacts, dans la province de Formosa (nord de l’Argentine), s’est vite propagée sur les réseaux sociaux.

« Nous sommes traités comme des prisonniers, a expliqué par la suite Monica, la mère de l’enfant contactée le 25 janvier par la chaîne de télévision TN. Le 14 janvier, la police est venue nous chercher chez nous en pleine nuit car nous étions cas contact. Depuis, nous avons eu deux tests Covid-19 négatifs mais on ne nous laisse pas partir. »

Les témoignages de ce genre se multiplient depuis début janvier, et sont notamment relayés par des ONG comme Amnesty International. « La politique de la province [péroniste, comme le gouvernement national actuel] est d’envoyer les personnes ayant été testées positives au Covid-19 ainsi que les cas contact dans ces centres d’isolement. Qu’elles soient malades ou non, les personnes sont hébergées dans les mêmes espaces mal ventilés, séparés par de maigres cloisons, elles partagent les mêmes lieux de repas… », explique Paola Garcia Rey, directrice adjointe de l’ONG en Argentine.

« Gouvernement autoritaire »

La province compterait une centaine de Centres d’attention sanitaire (CAS), écoles, gymnases et stades utilisés par les autorités pour faire face à la pandémie. Les habitants de la province ne sont pas autorisés à s’isoler à leur domicile, un cas unique dans ce pays fédéral qui compte 23 provinces. Un peu plus de 2 000 personnes seraient actuellement hébergées dans ces centres, selon les chiffres officiels.

Formosa est la province argentine qui recense le moins de morts du coronavirus : 10 au total, et moins de 1 200 cas positifs (pour près de 600 000 habitants) depuis le début de l’épidémie. Un bilan que les autorités de la province mettent régulièrement en avant comme la preuve d’une politique sanitaire réussie, mais qui s’appuie, selon les détracteurs du gouvernement local, sur une restriction excessive des libertés individuelles. La province a fermé ses frontières à tout arrivant, qu’il soit ou non originaire de Formosa, durant huit mois. En octobre 2020, la mort d’un jeune homme par noyade, après qu’il a tenté d’entrer en traversant un fleuve car il voulait voir sa fille, a choqué l’opinion publique. Un mois plus tard, la Cour suprême (plus haute instance judiciaire en Argentine) ordonnait à Formosa de laisser entrer sur son territoire toute personne qui en faisait la demande.

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