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« Le moment viendra où Vladimir Poutine devra lui-même s’accrocher à son siège »

Gabrielius Landsbergis est le ministre des affaires étrangères de la Lituanie, un Etat balte en première ligne dans le soutien à l’opposition biélorusse depuis la réélection frauduleuse de son dirigeant, Alexandre Loukachenko, en août 2020.

Un manifestant tenant le drapeau national lituanien et le portrait d’Alexeï Navalny, lors d’une manifestation de soutien à l’opposant russe devant l’ambassade de Russie à Vilnius, le 23 janvier 2021. Un manifestant tenant le drapeau national lituanien et le portrait d’Alexeï Navalny, lors d’une manifestation de soutien à l’opposant russe devant l’ambassade de Russie à Vilnius, le 23 janvier 2021.

Qu’attendez-vous du nouveau président américain, Joe Biden, après le départ de Donald Trump ? Une présence militaire permanente des Etats-Unis en Lituanie, comme votre pays le demande…

J’espère des relations plus calmes, plus prévisibles et plus multilatérales. Nous avons construit l’Alliance atlantique au fil des décennies depuis la seconde guerre mondiale, à partir du lancement du plan Marshall. Mais nous nous sommes rendu compte, ces dernières années, de sa précarité. Cette alliance peut être facilement fragilisée et doit être renforcée. Et oui, cette demande figure dans notre programme.

La confiance, c’est le plus important. Il nous faut reconstruire la confiance. Aujourd’hui, Joe Biden prend des positions fortes sur la Russie ; tous les problèmes avec Moscou sont pointés.

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Faut-il sanctionner la Russie pour l’arrestation de l’opposant Alexeï Navalny ?

Nous disposons d’un nouvel instrument européen pour sanctionner les violations des droits de l’homme [le Magnitsky Act] et nous devons en faire usage. Il s’agit d’avoir une discussion juridique, qui ne devrait pas se transformer en une discussion politique. Des sanctions individuelles sont envisageables, au plus haut niveau. Il va falloir en décider après le 2 février, quand la justice russe se sera prononcée sur le sort de Navalny.

Pourquoi Vladimir Poutine s’acharne-t-il ainsi sur Alexeï Navalny ?

Je pense que Poutine est préoccupé par la situation, comme jamais auparavant. Il n’a pas prononcé le nom de Navalny avant tout récemment. Il a détourné l’avion [le ramenant de Berlin le 17 janvier] pour éviter de le voir accueilli par ses partisans. Puis, il y a eu cette audience préliminaire contre lui dans un local de police. Poutine est sous tension en raison des événements de Minsk, en Biélorussie. L’économie russe n’est pas bonne. La situation sanitaire est mauvaise ; les gens ont besoin d’informations et s’exaspèrent de ne pas en avoir. Les technologies modernes permettent par ailleurs de mobiliser très facilement, comme on l’a vu en Biélorussie et maintenant en Russie, ceux qui ne supportent plus la corruption ou le manque de démocratie.

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Le mouvement d’opposition biélorusse peut-il rebondir au printemps ?

L’hiver est rude en Biélorussie, mais le printemps arrive. Loukachenko est dans une impasse. Il a perdu toute légitimité, même auprès de la plupart de ceux qui ont voté pour lui. Les seuls qui continuent de le soutenir sont les membres de l’appareil de sécurité et la nomenklatura. Nous identifions trois types de scénario à Minsk : une sorte de stagnation, sans nouveau changement ; un changement en direction de la démocratie ; ou une situation très imprévisible. Rappelons-nous que, deux semaines avant la chute du mur de Berlin, personne n’avait en tête une telle évolution.

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