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« Face à la Chine, les alliés des Etats-Unis, européens et asiatiques, ont des intérêts qui ne sont pas forcément convergents »

A la Foire internationale du commerce des services de Chine (CIFTIS), à Pékin, le 5 septembre 2020. A la Foire internationale du commerce des services de Chine (CIFTIS), à Pékin, le 5 septembre 2020.

Chronique. D’ici au mitan du siècle, la Chine devrait être la puissance économique dominante de la planète. Pour la première fois depuis longtemps, le poids lourd de l’économie mondiale ne sera pas une démocratie. Les Etats-Unis vont s’efforcer de préserver leur prépondérance stratégique et, dans cette épreuve, ils comptent sur leurs alliés, européens, notamment. Mais ceux-là hésitent.

Dressé à très gros traits, le scénario géopolitique des années à venir devrait ressembler à cette partie à trois – que viendront compliquer d’autres joueurs, et particulièrement le prochain géant économique qui s’annonce : l’Inde.

Mais le fait saillant du paysage international, celui qui bétonne l’horizon, restera la bataille américano-chinoise. Et le président Joe Biden inscrit la diplomatie américaine dans la continuité d’une rivalité multiforme avec la Chine. Il suit les pas de ses prédécesseurs, Barack Obama, tête stratégique, et Donald Trump, esprit foutraque.

Nouveau secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken a dit les choses clairement, le 19 janvier : « Il ne fait aucun doute que la Chine représente pour les Etats-Unis le défi le plus clair qu’aucun Etat-nation ne leur a jamais posé. » Auditionné par le Sénat, qui a confirmé sa nomination, Blinken a repris, à propos de la Chine, le discours de l’équipe Trump – sur la situation faite aux Ouïgours et aux démocrates de Hongkong, sur Taïwan, sur les demi-vérités à propos du Covid-19 et sur le contentieux en mer de Chine, le tout sur fond d’affrontement technologique et économique.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, le 19 janvier à Washington. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, le 19 janvier à Washington.

L’érosion du « soft power » américain

La différence tient à la méthode. Dans la confrontation avec Pékin, Trump, ultranationaliste à l’ego surdimensionné, voulait agir seul, quand Biden veut embarquer les alliés traditionnels des Etats-Unis, à commencer par les Européens.

Le président américain veut réunir un sommet des démocraties. On ne sait trop à quoi ressemblera cette assemblée du monde libre. Mais Joe Biden a conscience de l’image dégradée des Etats-Unis – héritage des années Trump et tout autant, sinon plus, de la série de crises qui, de 2003 (Irak) à 2008 (Wall Street), ont érodé le soft power américain, cette capacité à séduire par l’exemple.

Dans le Financial Times, la politologue Anne-Marie Slaughter, ancienne haut fonctionnaire au département d’Etat, donne un bon conseil à l’équipe Biden : « Agir comme si elle incarnait un nouveau leadership américain plutôt que le retour à l’ancien. » Pourquoi ? Parce que l’Europe commence à exister politiquement. On discernerait aujourd’hui l’esquisse du début d’une conscience européenne. Du moins est-ce la conclusion de l’étude d’opinion menée fin 2020 par l’European Council on Foreign Relations (ECFR) auprès de 15 000 ressortissants de onze pays du Vieux Continent.

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