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Le scandale immobilier du « cladding » secoue le Royaume-Uni

Le complexe immobiler Paragon, à Brentford, dans le Grand Londres, le 19 octobre 2020. Le complexe immobiler Paragon, à Brentford, dans le Grand Londres, le 19 octobre 2020.

L’immeuble fait face au tribunal de Willesden, un quartier populaire du nord-ouest de Londres. La façade est presque entièrement dissimulée par un échafaudage, derrière lequel on devine des parements de brique et un crépi beige. Le troisième et dernier étage est recouvert d’un revêtement gris sombre. Annika McQueen est propriétaire (à hauteur de seulement 40 %) d’un appartement au 3e étage. Confinement oblige, elle a préféré un rendez-vous en visioconférence. La jeune femme oscille entre colère et découragement. Elle est l’une des nombreuses victimes de l’énorme scandale britannique du cladding (« revêtement »).

« Après le drame de la tour Grenfell, j’étais à des kilomètres de penser que mon immeuble, qui ne date que de 2012, avait les mêmes revêtements ACM [matériau composite d’aluminium]. Il a été expertisé en 2017. Depuis, on attend toujours de savoir combien la rénovation va nous coûter. C’est très angoissant. Il y a des jours où cela m’empêche de dormir », raconte Annika, qui travaille de chez elle pour une institution culturelle londonienne.

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En ce début d’année 2021, elle explique que c’est une association caritative qui possède les 60 % restants de son appartement. « L’association dit qu’elle ne pourra pas assumer les frais de réparation, que ce sera à nous d’y subvenir à 100 %. Nous avons des petits revenus, avec mon mari. Que faire si l’on ne peut pas payer ? Se déclarer en faillite personnelle ? On perdra tout : l’appartement et les six années de remboursement du prêt. J’ai l’impression de vivre un mauvais rêve. »

Revêtements inflammables

Dans la nuit du 13 au 14 juin 2017, un feu se déclare au 4e étage de la tour Grenfell, à Kensington, en plein centre de Londres. L’incendie gagne l’ensemble de l’immeuble de 24 étages. Au total, 72 personnes perdent la vie dans ce drame qui choque le Royaume-Uni. Il apparaît rapidement que le revêtement en ACM installé sur les murs extérieurs de la tour au moment de sa récente rénovation a facilité son embrasement. Tandis que s’ouvre le procès des responsables du drame (toujours en cours), le gouvernement de Theresa May décide la sécurisation de tous les immeubles de plus de 18 mètres présentant les mêmes revêtements inflammables que Grenfell.

Depuis début 2020, les propriétaires d’immeubles doivent procéder à une évaluation de la sécurité incendie de leurs bâtiments, quelle que soit leur taille

Au 30 novembre 2020, selon une étude de la Chambre des communes, 217 immeubles hauts (plus de 18 mètres) restaient encore à rénover d’urgence sur les 460 tours recouvertes d’ACM identifiées dans le pays. Le gouvernement britannique s’est engagé à financer ces travaux dès 2018. En mars 2020, il accepte de dégager un fonds d’un milliard de livres sterling (1,12 milliard d’euros) pour aider à la rénovation des tours recouvertes d’autres matériaux que l’ACM et jugés également dangereux (il y en a environ 11 000 au Royaume-Uni).

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