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« La géopolitique s’est enrichie d’un nouvel objet et la puissance d’un nouvel instrument : le vaccin »

Un nouveau site de production du vaccin contre le Covid-19, de l’entreprise BioNTech, le 12 janvier à Marbourg (Allemagne). Un nouveau site de production du vaccin contre le Covid-19, de l’entreprise BioNTech, le 12 janvier à Marbourg (Allemagne).

Inépuisable perturbateur, le Covid-19 n’en finit pas de faire progresser la science, dans ses multiples disciplines. A la vitesse de l’éclair, la géopolitique s’est enrichie d’un nouvel objet d’analyse et la puissance d’un nouvel instrument : le vaccin. Un an après le début de la pandémie, le vaccin est l’arme politique la plus disputée.

La vitesse de l’éclair – en anglais, warp speed – c’est précisément le nom donné aux Etats-Unis à l’opération qui, grâce à un partenariat public-privé particulièrement vertueux, a permis de faire émerger un vaccin en dix mois là où, en temps normal, le processus prend cinq à dix ans. En injectant des milliards de dollars de subventions dans la recherche et le développement de plusieurs laboratoires pharmaceutiques, les administrations fédérales de la défense et de la santé ont ouvert la voie à une accélération sans précédent de la production de vaccins contre le Covid-19.

La chancelière allemande Angela Merkel n’a pas voulu, mardi 26 janvier, laisser aux Etats-Unis le monopole de cette fierté. Devant le Forum économique de Davos, elle a rappelé que le premier vaccin homologué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait été conçu « grâce à la clairvoyance » d’une start-up allemande, BioNTech, qui avait très tôt réorienté sa stratégie. BioNTech a noué un partenariat industriel avec le géant américain Pfizer ; leur vaccin est, à ce stade, le plus utilisé.

Mais en ce début d’année, ce ne sont pas les dirigeants des pays où a été inventé le vaccin qui marquent des points : ce sont ceux qui organisent les meilleures campagnes de vaccination.

Enjeu politique énorme

A cette aune, trois pays peuvent s’enorgueillir d’avoir lancé des campagnes massives : Israël, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Paradoxalement, ce sont des pays où la gestion de l’épidémie a été marquée par la confusion ; le vaccin constitue là une planche de salut autant sanitaire que politique.

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, en fait même le fer de lance d’une campagne visant à effacer ses erreurs et à contrer les effets négatifs du Brexit, avec des accents nationalistes réminiscents de la période héroïque du Blitz. « Nous avons administré plus de doses que l’Italie, la France, l’Espagne et l’Allemagne réunies », triomphe une affiche du Parti conservateur à l’esthétique désuète. Avec un peu de chance, c’est du succès de l’offensive de la vaccination que ses électeurs se souviendront, plus que du bilan tragique de la pandémie, qui vient de passer le cap des 100 000 morts.

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