Participant aux échanges du Forum économique mondial de Davos (du 25 au 29 janvier), Odile Renaud-Basso, ancienne directrice générale du Trésor français, a pris la tête de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) en novembre 2020. Chargée de financer des projets en Europe centrale et orientale et dans le voisinage de l’Union européenne (Caucase, Asie centrale, pourtour méditerranéen), l’institution s’inquiète du creusement des inégalités engendré par la pandémie de Covid-19.
Parmi les 38 pays où vous intervenez, quels sont les plus fragilisés par la pandémie ?
Tous sont touchés, y compris ceux d’Europe centrale, qui avaient moins souffert de la première vague. Aujourd’hui, le nombre de décès par habitant est le plus élevé dans les pays d’Europe du Sud-Est – Slovénie, Kosovo, Monténégro, Croatie. Ce sont aussi des pays qui subissent des conséquences économiques très importantes en raison de l’effondrement du tourisme. L’Asie centrale, dépendante des matières premières comme le pétrole, est également fragilisée économiquement.
En septembre, nous estimions que le produit intérieur brut [PIB] moyen des pays où nous intervenons baisserait de 3,9 % en 2020 (après + 2,6 % en 2019), avant de rebondir de 3,6 % cette année, mais il est possible que le rebond soit plus faible compte tenu de la dégradation de la situation sanitaire.
Sur le moyen terme, les difficultés d’accès aux vaccins dans certains pays sont susceptibles de peser lourdement sur la reprise. L’Union européenne [UE] a commandé l’équivalent de deux fois plus de doses que sa population, contre 20 % dans les pays que nous suivons.
Le creusement des inégalités engendré par la récession vous inquiète-t-il ?
Oui. La stratégie de la BERD pour les cinq prochaines années fait d’ailleurs de la réduction des inégalités une de ses trois priorités, avec les transitions écologique et numérique. C’est d’autant plus justifié que la fragilité des populations des pays dans lesquels nous intervenons est plus forte qu’à l’Ouest, même si les gouvernements ont également déployé des soutiens budgétaires d’urgence. Selon un sondage que nous avons mené, 73 % de leurs habitants se sentent directement affectés par la crise, contre 41 % dans les pays occidentaux tels que la France ou le Royaume-Uni. Les femmes sont particulièrement exposées, parce qu’elles travaillent davantage dans les services, plus touchés par la crise, et qu’elles subissent plus les conséquences de la fermeture des écoles.
Il vous reste 70.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article Pour la présidente de la BERD, « les difficultés d’accès aux vaccins dans certains pays risquent de peser lourdement sur la reprise » est apparu en premier sur zimo news.