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L’Iran met un coup d’arrêt au planning familial pour relancer la natalité

A Téhéran, le 19 janvier. A Téhéran, le 19 janvier.

Inquiète de son déclin démographique, la République islamique d’Iran accélère la remise en cause de la politique de contrôle des naissances. Simine (le prénom a été modifié), une médecin généraliste dans un village de 3 000 habitants, dans le sud du pays, se souvient avoir reçu la nouvelle directive du ministère de la santé au milieu de l’automne 2020. « On nous a ordonné d’arrêter la distribution gratuite de tous les moyens de contraception parmi la population », explique cette praticienne de 30 ans. Elle a donc rédigé une liste mentionnant ce qui lui restait dans la clinique : « Préservatifs, stérilets et quelques doses de progestatifs [une méthode contraceptive hormonale]. »

Elle a ensuite rassemblé et renvoyé le tout à la pharmacie la plus proche. « Désormais, les patients doivent se procurer eux-mêmes des moyens de contraception s’ils le souhaitent. Nous, on ne peut plus rien leur donner », regrette-t-elle. Pour la vasectomie et la ligature des trompes, c’est devenu encore plus compliqué. « Nous ne conseillons plus ces interventions. C’est aux patients d’en faire la demande [au secteur privé] et à les payer aux prix dits libres, c’est-à-dire non couverts par la sécurité sociale. »

Ces dernières mesures s’inscrivent dans une politique initiée ­depuis plusieurs années par Téhéran : en 2012 déjà, le Guide suprême, Ali Khamenei, avait assigné l’objectif de doubler la po­pulation du pays pour atteindre 150 millions d’habitants. La plus haute autorité du pays critiquait déjà la politique stricte de planning familial entreprise après le baby-boom des années 1980. « Le slogan “Deux enfants suffisent”[omniprésent à l’époque] relevait d’une politique occidentale erronée », avait alors dénoncé Ali Khamenei.

Accroître le taux de fécondité

Dès 2014, la vasectomie et la ligature des trompes ne pouvaient donc être pratiquées que pour des cas très précis, des familles ayant au moins quatre enfants ou pour des femmes présentant des grossesses à risque élevé. Mais, contrairement à aujourd’hui, les médecins pouvaient encore suggérer ces opérations à leurs patients.

Ces restrictions n’ont pas paru suffisantes à Ali Khamenei, qui est revenu à la charge, à l’été 2020. Lors de son premier discours, en juillet, à l’adresse du nouveau Parlement, majoritairement conservateur et bien enclin à appliquer à la lettre les demandes du Guide, il a ainsi annoncé : « Il faut donner beaucoup d’importance à la question de la natalité et redouter le vieillissement de la population. Une loi et un suivi strict des instances exécutives sont nécessaires. »

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