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Les fantômes du passé reviennent hanter la Flandre moderne

LETTRE DU BENELUX

Le diable se cache toujours dans les détails. C’est donc dans les détails d’un récent document d’autocélébration commandé par le Parlement régional de Flandre, réalisé par une déclinaison belge du magazine Newsweek (coût : 90 000 euros), que l’on trouvera une étrange vision de l’histoire de la Flandre.

Ici, les « détails » doivent apparemment être entendus dans le sens où les envisageait naguère Jean-Marie Le Pen quand il évoquait les chambres à gaz. Car dans ce document contrôlé – on l’espère – par une institution démocratiquement élue, il est bel et bien question de collabos, de nazis et d’engagement dans les rangs de la Schutzstaffel, la célèbre SS du régime hitlérien.

Célébrant son 50e anniversaire, ou du moins la lointaine création, en 1971, des « Conseils culturels » qui marquèrent le début de la régionalisation du pays, Newsweek België et le « Vlaams Parlement » ont tenté de désigner les quatorze personnalités qui ont, à leurs yeux, favorisé « la formation et la progression de l’autonomie, de la langue et de l’identité flamandes ». Dans cet aréopage, des écrivains, des démocrates convaincus mais aussi Gustave – « Staf » – De Clercq et August Borms.

« Coup de poignard dans le dos »

Gustave – « Staf » – De Clercq avait 49 ans quand il créa, en 1933, le Vlaams Nationaal Verbond (VNV). Il allait en devenir le « Leider », version flamande du Führer allemand, et défendait l’idée d’une réunion au sein d’un Etat de type fasciste des populations de la Flandre belge, de la Flandre française et des Pays-Bas. Viscéralement anti-wallon et anti-français, doté d’une milice, ce parti devait être le fer de lance du mouvement nationaliste, autoritaire, paramilitaire et pro-allemand.

Une fois la Flandre occupée, le VNV compta jusqu’à 100 000 membres et l’une de ses sections la « Brigade noire » allait faire naître la Légion SS Flandre, l’une des neuf légions nationales – parmi lesquelles se trouvait aussi une wallonne.

Mort en octobre 1942, De Clercq ne vit jamais – pas plus que ses partisans – se réaliser son rêve d’une Flandre indépendante. Le parti, concurrencé par d’autres formations pro-allemandes, plus radicales encore, allait voir fondre ses effectifs et, simultanément, glisser vers un antisémitisme virulent qui allait aboutir, sous la férule d’un gouverneur VNV, à l’expulsion et à l’extermination d’une grande partie de la communauté juive qui vivait à Anvers depuis des siècles. Aujourd’hui, le Forum des organisations juives s’estime donc victime d’un « coup de poignard dans le dos ».

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