Comment restaurer un semblant d’ordre dans la jungle nucléaire, où les appétits s’aiguisent depuis des années ? A peine installée, l’administration Biden n’a eu d’autre choix que de prendre ce dossier à bras-le-corps. Le 5 février, un texte majeur allait expirer : le traité New Start. Soit le dernier vestige de l’architecture de contrôle des armements de l’après-guerre froide encore en vigueur, qui limite le nombre de têtes nucléaires et de lanceurs nucléaires déployés par la Russie et les Etats-Unis.
Très attendue par de nombreux pays – à commencer par la France –, la décision de l’administration Biden sur ce sujet sensible est tombée dès ce jeudi 21 janvier. Si le principe de la prolongation de New Start ne suscitait pas de réelle interrogation, la durée de celle-ci faisait l’objet d’importantes spéculations, divisant les experts au sein même de l’équipe Biden. Certains se disaient favorables à une extension courte, d’un ou deux ans, pour permettre d’arracher d’autres concessions à la Russie. Lors d’un point-presse, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, a levé les doutes : les Etats-Unis souhaitent « aboutir à une prolongation de cinq ans », a-t-elle indiqué. C’est-à-dire la durée maximale permise par le traité.
Les conséquences de cette décision relèvent autant du symbole que de réalités stratégiques complexes. C’est l’ancien président Barack Obama qui avait signé ce traité en 2010 avec son homologue russe, Dmitri Medvedev. A l’époque, il en avait fait l’une des pierres angulaires de sa politique étrangère ainsi qu’un succès sur le plan intérieur, en arrachant – avec l’aide de Joe Biden, son vice-président – la majorité des deux tiers au Sénat.
« Transparence mutuelle »
De son côté, une fois élu, Donald Trump avait critiqué New Start, en 2017, lors d’un entretien avec Vladimir Poutine. La préoccupation du président républicain consistait à renforcer sa marge de manœuvre dans la course à l’armement avec la Chine, non contrainte, elle, par ce traité. Ce jeudi, avant même toute annonce officielle sur New Start, l’ex-envoyé spécial de Donald Trump pour le désarmement, Marshall Billingslea, a ainsi critiqué sur Twitter le « manque étourdissant de compétence de négociation » de la nouvelle administration, qui renoncerait, selon lui, à un important levier de pression sur Moscou.
De l’avis de nombreux experts, New Start n’a toutefois jamais été un traité très contraignant. Il limite à 1 550 le nombre de têtes nucléaires (contre 2 200 auparavant). Le nombre de lanceurs, lui, ne doit pas dépasser les 700. Un effort limité pour les Etats-Unis et la Russie, qui avaient dès le départ « dimensionné leurs arsenaux pour être sous les plafonds », décrypte Corentin Brustlein, directeur du centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (IFRI). « La valeur de New Start réside moins dans la réduction des armements que dans la transparence mutuelle », selon le chercheur.
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