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Entre Vladimir Poutine et l’opposant Alexeï Navalny, un duel sans merci

Le film « Un palais pour Poutine », d’Alexei Navalny, a été diffusé le 19 janvier et visionné près de 53 millions de fois depuis. Le film « Un palais pour Poutine », d’Alexei Navalny, a été diffusé le 19 janvier et visionné près de 53 millions de fois depuis.

Alexeï Navalny savait ce qui l’attendait à son retour en Russie, cinq mois après son empoisonnement en Sibérie et son évacuation vers l’Allemagne. « Je n’aurais pas pu agir autrement, écrit-il sur Instagram, jeudi 21 janvier, de la prison moscovite de la Matrosskaïa Tichina, où il est détenu. Il n’y a là ni pathos, ni esprit de sacrifice, ni fatalisme. C’est un choix rationnel : j’ai refusé d’accepter l’arbitraire et de me taire face au mensonge. »

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Après la diffusion de ce message, l’opposant a été placé à l’isolement et privé de tout droit de communiquer avec l’extérieur ou de recevoir du courrier. Dans le duel sans merci qui s’est engagé avec le Kremlin, chaque mot, chaque geste, compte.

Le même jour, la justice ordonnait aux réseaux sociaux de bloquer les appels à manifester samedi 23 janvier, lancés par M. Navlany et ses équipiers dans une soixantaine de villes russes, et relayés par des milliers de citoyens. Plusieurs de ses alliés, comme Lioubov Sobol, étaient arrêtés préventivement et des affaires criminelles, ouvertes. Des journalistes ont reçu la visite de la police.

Si l’avocat est revenu dans son pays, c’est en connaissance de cause, et avec une grenade dégoupillée à la main. Cette surprise qu’il réservait pour son arrivée s’appelle Un palais pour Poutine. Le dernier-né des films de l’équipe Navalny a été mis en ligne le 19 janvier, alors que l’opposant était déjà en prison. Cette collision des agendas, voulue, décuple sa puissance, quand toute critique émise depuis l’étranger parvient en Russie comme amortie.

« Le plus gros pot-de-vin de l’histoire »

Trois jours après sa diffusion, la vidéo totalise sur YouTube près de 53 millions de vues, un record malgré sa longueur (1 h 52). Elle est la plus féroce et la plus fouillée qu’ait jamais produite le Fonds de lutte contre la corruption (FBK) créé par l’opposant.

Pour la première fois, surtout, elle cible non pas un membre de l’entourage de Vladimir Poutine, mais le président lui-même, à travers son palais des bords de la mer Noire. Situé sur un territoire arraché au domaine de l’Etat, grand comme trente-neuf fois la principauté de Monaco, gardé par le FSB – le service fédéral de sécurité –, il appartiendrait à M. Poutine par le biais de prête-noms et de montages qui incluent sociétés offshore et fondations à but prétendument caritatif.

Alexeï Navalny montre tout, documents, photos et témoignages à l’appui : le terrain de hockey construit sous la montagne, l’église, le casino privatif, le salon à chicha, les vignes, les meubles dégoulinants de dorures, les contrats pour l’achat en Italie de mobilier et de brosses de toilette à 700 euros pièce…

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