https://img.lemde.fr/2021/03/08/189/0/3500/1748/1440/720/60/0/762efe4_743976805-126480.jpg
En 2022, l’Allemagne ne réactivera pas le mécanisme de « frein à la dette ». Ce dispositif constitutionnel, qui interdit à l’Etat fédéral de s’endetter à plus de 0,35 % du produit intérieur brut (PIB) annuel, avait été levé par le Bundestag en 2020 et en 2021 pour faire face aux coûts liés au Covid-19. Les députés les plus attachés à l’orthodoxie budgétaire, qui espéraient un retour dans les clous dès l’an prochain, en seront pour leurs frais.
Avec la prolongation des mesures de restriction et de lutte contre la pandémie, les conservateurs eux-mêmes ont jugé impossible de financer le fossé entre la hausse des dépenses de soutien à l’économie et les recettes fiscales en baisse. Le retour du « zéro noir », l’équilibre budgétaire, valeur identitaire des deux partis du camp conservateur (l’Union chrétienne-démocrate, CDU, et sa sœur bavaroise, l’Union chrétienne-sociale, CSU), attendra donc au moins un an de plus. C’est Armin Laschet, le chef de file de la CDU, qui a clarifié les choses, le 24 février. Il était temps : le 24 mars, le ministre des finances, Olaf Scholz, doit présenter un plan budgétaire prévisionnel pour l’année à venir.
Le « frein à la dette », inscrit en 2009 dans la Constitution allemande, est devenu ces derniers mois un enjeu politique et électoral de premier plan. Deux camps s’opposent. D’un côté, les partisans de l’abolition ou de la réforme du dispositif, plutôt classés parmi les sociaux-démocrates, les écologistes ou la gauche radicale, l’accusent de brider l’investissement public, en particulier dans l’éducation et les infrastructures numériques, alors que les taux d’intérêt sont faibles. Ils arguent par ailleurs qu’un retour trop rapide à l’équilibre budgétaire après la pandémie de Covid-19 casserait la reprise en Allemagne et en Europe.
Dispositif constitutionnel
Dans le camp adverse, les tenants de la limitation stricte de l’endettement public, essentiellement des conservateurs et des libéraux, y voient un indispensable instrument d’autodiscipline des responsables politiques. Ils arguent que le retard d’investissement constaté en Allemagne dans les infrastructures et les secteurs d’avenir n’est pas lié au manque d’argent, mais à un excès de bureaucratie. Et agitent le spectre d’une remontée des taux d’intérêt et d’un retour de l’inflation en cas de laxisme budgétaire.
Qu’en sera-t-il de la majorité des deux tiers nécessaire au changement dans un Parlement renouvelé fin septembre, où les Verts, opposés au dispositif, pourraient jouer un rôle majeur ?
Il vous reste 45.88% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
L’article En Allemagne, le débat sur le frein à la dette gagne en intensité est apparu en premier sur zimo news.