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« Les généraux nous ont déclaré la guerre et l’armée s’est arrogé le pouvoir de tuer ! Nous devons donc lutter contre cette nouvelle administration illégitime issue du coup d’Etat et mettre sur pied une alternative politique ! » Cet homme qui nous parle au téléphone depuis un lieu tenu secret est devenu en quelques jours le nouveau visage diplomatique de la « résistance » birmane aux généraux qui se sont emparés du pouvoir lors du putsch du 1er février. Appelé par tout le monde par son titre honorifique de « docteur Sasa », ce militant birman est un médecin appartenant à l’ethnie des Chin, qui forment l’un des sept grands groupes ethniques minoritaires du pays.
Figure politique récente de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti du gouvernement renversé, il vient d’être nommé « envoyé spécial » auprès de l’ONU par un comité parlementaire affirmant être la seule autorité légitime issue des élections législatives du 8 novembre 2020 – remportées haut la main par la NLD et que l’armée a désavouées.
Cette organisation de la « résistance » – le Comité représentatif du Pyidaungsu Hluttaw (le nom du Parlement bicaméral birman) –, est en train de s’efforcer, à l’échelle nationale, de rallier à sa cause les fonctionnaires de l’administration gérant les affaires courantes au niveau du quartier, du canton et de la région. Le Comité, que tout le monde appelle par les quatre lettres de son acronyme anglais CRPH, aurait déjà réussi à s’implanter dans un certain nombre de villes et de cantons.
« Gouvernement intérimaire »
Le docteur Sasa veut croire que dans un pays quasi paralysé par la grève générale – et en dépit de la violence d’un pouvoir qui a déjà tué plus de cinquante personnes lors des manifestations monstres contre le régime et arrêté environ 1 700 autres –, les militaires sont en train de perdre le contrôle. A ce jour, les hôpitaux publics, les chemins de fer, les banques, les aéroports et la quasi-totalité des organisations étatiques ne fonctionnent plus. « Nous allons prochainement annoncer la formation d’un gouvernement intérimaire, annonce-t-il. Et, dans un deuxième temps, mettre sur pied une armée fédérale qui réunira les différentes composantes ethniques du Myanmar [nom officiel de la Birmanie]. »
Si le docteur Sasa refuse de dire d’où il parle, c’est parce que, le jour du putsch, il est parvenu à s’enfuir, déguisé en chauffeur de taxi, vers une destination tenue secrète. Les membres du CRPH, à l’origine composé de 17 parlementaires de la NLD, sont eux-mêmes tous en fuite. Les quatre ministres que vient de nommer le Comité vivent dans la clandestinité. Tous risquent, en cas d’arrestation par les nouvelles autorités, la peine de mort pour « trahison ».
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