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En Birmanie, la répression des manifestations contre le coup d’Etat fait 38 morts en une seule journée

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La police tire des gaz lacrymogènes sur la foule lors d’une manifestation contre le coup d’Etat militaire, à Mandalay, en Birmanie, le 3 mars. La police tire des gaz lacrymogènes sur la foule lors d’une manifestation contre le coup d’Etat militaire, à Mandalay, en Birmanie, le 3 mars.

Trente-huit morts, le 4 mars, « mercredi noir » et jour le plus sanglant depuis le début de l’insurrection pacifique contre le régime militaire en Birmanie. Ce massacre porte à plus de cinquante le nombre de Birmans tombés sous les balles des policiers et des militaires en vingt-six jours quasi continus de manifestations contre le pouvoir de l’armée.

Si l’on pouvait encore espérer, la semaine dernière, que les généraux birmans ne choisiraient pas de s’engager dans la voie d’une répression aussi violente que leurs prédécesseurs de la fin des années 1980, voici que s’achève le temps des illusions. « Je suis sidéré, tonne un intellectuel birman, joint par téléphone à Rangoun. Il n’y a désormais plus de doute que l’armée a décidé d’écraser la résistance par tous les moyens. »

Des manifestants pleurent l’un des leurs qui a été tué, lors d’une manifestation contre le coup d’Etat militaire, à Rangoun, en Birmanie, le 3 mars. Des manifestants pleurent l’un des leurs qui a été tué, lors d’une manifestation contre le coup d’Etat militaire, à Rangoun, en Birmanie, le 3 mars.

Après la terrible journée de dimanche, qui marquait le premier mois de régime militaire depuis le coup d’Etat du 1er février et au cours de laquelle au moins dix-huit personnes avaient été tuées dans tout le pays, la mort de trente-huit Birmans de plus, mercredi, évoque le spectre de l’année 1988, quand 3 000 personnes périrent lors des fusillades déclenchées par la junte militaire d’alors contre un mouvement prodémocratie.

Le sinistre décompte, rapporté par les agences de presse étrangères et des médias birmans, a été confirmé dans la soirée de mercredi par la diplomate suisse Christine Schraner Burgener, l’envoyée spéciale des Nations unies (ONU) pour la Birmanie. Lors d’un briefing à New York devant la presse, elle a indiqué avoir eu « une discussion avec l’armée » et l’avoir « avertie que les Etats membres et le Conseil de sécurité pourraient prendre des mesures importantes, fortes ».

Finie la « modération », place à l’excès

La diplomate a également rapporté les propos que lui ont tenus les chefs de la junte après lui avoir signifié l’interdiction de se rendre en Birmanie : « Ils m’ont dit : Nous sommes habitués aux sanctions et nous devons apprendre à ne compter que sur nos amis”. » De telles déclarations sont de sinistres augures : le général Min Aung Hlaing, l’auteur du coup, indique clairement qu’il se moque des pressions des pays occidentaux – essentiellement Etats-Unis, Union européenne, Australie.

Jusqu’à la semaine dernière, en dépit de la mort de deux manifestants tués par les forces de l’ordre le 20 février à Mandalay, et de celle d’une jeune fille de 20 ans, morte d’une balle tirée par la police dans la capitale Naypyidaw, quelques jours après le putsch, les forces de sécurité avaient surtout utilisé des canons à eau, des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc. Quand les policiers et les soldats tiraient à balles réelles, ils visaient le ciel, la plupart du temps. Le chef de l’armée affirmait alors que les forces de l’ordre se conduisaient avec « modération ».

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