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Mais que fait donc Warren Buffett. Au fait de sa gloire, le plus célèbre investisseur des Etats-Unis avait coutume de dire qu’il attendait avec gourmandise les crises. « Je me sens alors comme un obsédé sexuel dans un harem », racontait-il en 1973. C’est pourquoi ses millions de fidèles qui, dans tout le pays, cherchent ses conseils et se précipitent sur ses livres, attendaient avec impatience la publication de sa lettre annuelle aux actionnaires pour s’abreuver de ses analyses percutantes et de ses aphorismes-chocs alors que le monde traverse l’une des plus graves crises économiques de ces cent dernières années.
Ils seront déçus. Il faut croire qu’à 90 ans, l’« obsédé » et son compère de toujours Charlie Munger, 97 ans, ont perdu de leur libido légendaire. Aucun grand mouvement en perspective, une avalanche de mots prudents, quelques regrets et beaucoup de souvenirs. Pas un mot sur la pandémie et les turbulences qui l’accompagnent. A croire que l’investisseur le plus écouté d’Amérique, celui que l’on appelle « l’oracle d’Omaha », en référence à sa ville perdue du Nebraska, n’a plus d’idée. Ce monde de taux bas, de folie boursière, de révolte de petits actionnaires ne lui convient plus.
Alors, comme tous les patrons à court d’idées, il rend l’argent aux actionnaires. En 2020, sa société, Berkshire Hathaway, a racheté pour 25 milliards de dollars (20,7 milliards d’euros) d’actions de sa propre entreprise. Il fut pourtant un temps où Buffett fustigeait ces PDG sans imagination qui rachetaient leurs actions plutôt que d’investir.
Du gros, du lourd et du durable
Il s’est aperçu de l’intérêt de cette pratique avec sa participation de plus de 5 % dans Apple, la plus grosse ligne de son portefeuille. Il en a revendu une partie pour 11 milliards, mais la pratique régulière de rachat d’actions par Apple a accru mécaniquement sa part dans la société californienne, au-delà des 5 % d’origine. Et puis, cette pratique n’entame pas trop sa trésorerie, qui atteint tout de même 138 milliards de dollars, totalement liquide, mobilisable rapidement en cas de besoin.
Ainsi va la vie des marchés de nos jours. Pour les actionnaires, les caisses sont pleines, les actifs très chers et les taux très bas. Cela incite à prendre plus de risques, dans des sociétés plus audacieuses ou en difficulté. D’où la folie qui entoure actuellement les introductions en Bourse. Mais l’aventure n’est pas la spécialité de Warren Buffett. Il déconseille le marché de la dette, soit dangereuse, soit non rentable. « Investir dans les prêts risqués n’est pas la réponse à des taux inadéquats », dit-il.
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