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Andrea Enria : « Cette fois, les banques ne sont pas la source du problème de la crise »

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Andrea Enria est président du conseil de surveillance prudentielle de la Banque centrale européenne (BCE) qui supervise les principales banques de la zone euro.

Pourquoi les banques ne sont-elles pas des entreprises comme les autres ?

Les banques jouent un rôle central dans notre économie. Elles acceptent les dépôts des ménages et des entreprises, et accordent des prêts à d’autres ménages et entreprises à des fins de consommation ou d’investissement. Ce faisant, elles transforment des dépôts à vue très liquides en prêts à plus long terme, soutenant ainsi l’activité économique. Afin de rester solides et de pouvoir protéger les dépôts, les banques doivent être en mesure d’absorber des pertes tout en continuant à remplir leurs fonctions essentielles, aussi bien en période favorable que défavorable. Et c’est là que nous intervenons : notre tâche, en tant qu’autorité prudentielle, consiste à surveiller la solidité financière des banques. Il est en effet de l’intérêt de tous qu’elles soient capables de résister aux tensions.

Dans le cas précis de la pandémie de Covid-19, nous pouvons dire que les banques étaient bien plus solides au début de cette crise qu’elles ne l’étaient au début de la crise financière mondiale de 2008. Cette fois, les banques ne sont pas la source du problème, mais elles ont un rôle crucial à jouer dans sa résolution : leur capacité à absorber les pertes et à continuer d’octroyer des prêts à l’économie est capitale pour assurer une reprise soutenue.

Faudrait-il réglementer davantage les allers-retours entre les autorités financières, le ministère des finances et les organes de direction des banques ?

Lorsque j’ai commencé ma carrière dans la supervision bancaire, à la fin des années 1980, le secteur public (au niveau national comme local) détenait une part très importante du marché bancaire dans plusieurs Etats membres. Les dirigeants des banques étaient directement nommés par les autorités, souvent sur la base de leur affiliation politique plus qu’en fonction de leur expertise technique. Les réformes réglementaires adoptées ces dernières années, et notamment la centralisation des responsabilités prudentielles au sein de l’union bancaire, ont permis de rétablir une distance salutaire entre pouvoirs publics et secteur financier.

Les allers-retours entre autorités et banques doivent faire l’objet d’une attention particulière et de règles internes strictes. En principe, la présence d’anciens membres des autorités de réglementation dans les organes de direction des banques peut apporter une certaine culture de la conformité et une conscience accrue des intérêts publics en jeu dans les activités bancaires. Réciproquement, d’anciens banquiers pourraient faire bénéficier l’autorité réglementaire ou prudentielle qu’ils rejoindraient de leur connaissance cruciale des pratiques bancaires. Il convient cependant de respecter certains délais et de tenir compte des nombreux conflits d’intérêts qui pourraient naître.

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