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Boris Johnson veut préserver la « liberté de parole » dans les universités

Sur le campus de l’université britannique d’Oxford, le 17 septembre 2020. Sur le campus de l’université britannique d’Oxford, le 17 septembre 2020.

LETTRE DE LONDRES

Le gouvernement de Boris Johnson s’intéresse de près à la circulation des idées sur les campus britanniques ; un peu comme en France, mais sans l’hystérie contre un supposé « islamo-gauchisme » rampant ou les menaces à la liberté d’enseigner.

A la mi-février, Gavin Williamson, le ministre de l’éducation, a présenté un projet de loi visant à contrer l’effet « épouvantable » de la « censure et de la mise au silence » des professeurs et des étudiants sur les campus du pays, semblant considérer qu’il y a urgence à y assurer la liberté d’expression.

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Son texte veut obliger les universités à promouvoir « activement » ce droit et donne à l’Office for Students (OfS, le régulateur de l’enseignement supérieur en Angleterre) le pouvoir d’imposer des sanctions aux institutions ne protégeant pas suffisamment la liberté de parole. Laquelle « est au cœur de notre démocratie. Il est parfaitement juste de la renforcer dans les universités, les centres historiques de production des idées et de la libre pensée », insistait Boris Johnson dans un tweet, le 16 février.

« Malaise » et autocensure

« Il y a des preuves de l’émergence d’une culture de l’intolérance concernant la liberté d’expression au sein de minorités particulièrement actives sur les campus », précise le gouvernement britannique dans un document accompagnant son projet de loi, déposé au Parlement de Westminster. Il appuie sa démonstration essentiellement sur deux études : l’une publiée en 2019 par le King’s College London, l’autre menée la même année par le Policy Exchange, un think tank notoirement conservateur.

A en croire le Policy Exchange, quatre étudiants sur dix ayant voté pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne lors du référendum de 2016, se sentent « mal à l’aise » quand il s’agit d’en parler en classe, « bien que le rapport ne soit pas clair sur les raisons de ce malaise », précise le document gouvernemental. Même angoisse dans le corps professoral, à en croire l’étude : 32 % des enseignants s’identifiant « plutôt à droite » ou « à droite » ont évité d’exprimer tout haut leurs opinions dans le cadre de leurs cours ou de leurs recherches. L’autocensure concernerait aussi 15 % de ceux s’estimant « au centre » ou « à gauche ».

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Selon le rapport du King’s College, 59 % des étudiants conservateurs expliquent que ceux qui partagent leurs opinions politiques sont plus réticents à en parler ouvertement à l’université. Le problème ne se limite pas aux opinions de droite, précise quand même le texte gouvernemental : 24 % des étudiants travaillistes, 22 % des libéraux démocrates et 20 % de ceux votant pour le parti vert se sentent également incapables d’exprimer leurs opinions politiques selon l’étude.

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