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Jean-Marie Cavada : « La bataille de l’Australie contre les GAFA nous concerne tous »

Tribune. Vous êtes attachés à notre démocratie ? Vous voulez maîtriser votre vie, notamment privée, et non en être l’exécutant ? Vous pensez que les Etats doivent faire les lois et non les subir ? Alors méditons sur ce qui vient de se passer en Australie, lors du bras de fer engagé par Google et Facebook contre l’Etat de cette île-continent.

En avril 2020, le gouvernement fédéral décide de mettre un terme aux désastres subis par les médias du pays : des centaines de journaux, de radios, de télévisions, nationaux et surtout locaux, mettent la clé sous la porte et licencient leur personnel.

Reculade

En cause : le marché publicitaire australien, capturé massivement par Google d’abord, puis par Facebook, ne laissant à l’ensemble des médias classiques du pays qu’un maigre tiers de cette ressource. Les dirigeants politiques y voient un vrai danger démocratique et introduisent au Parlement australien un projet de « code de conduite contraignant ».

Le texte repose sur l’exigence d’un juste partage des recettes des plates-formes dès lors que celles-ci diffusent des contenus de médias, sur l’obligation de négocier avec ces fournisseurs, et sur le recours obligatoire à un arbitrage indépendant nanti de vrais pouvoirs contraignants, en cas de désaccord.

Google et Facebook refusent tout net, mènent une campagne contre ce projet de loi, essaient de braquer l’opinion contre gouvernants et législateurs, en menaçant de couper le service sur ce pays.

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Comment ? Un Etat souverain voudrait se mêler de légiférer contre les intérêts de ces deux groupes californiens ? Facebook attaque, suspend brutalement son service. Canberra durcit le ton, mais reculera finalement : Google a lâché Facebook et signe séparément, dans le week-end un accord « mondial » avec le Groupe Newscorp de Murdoch, présent en Australie, à Londres et aux Etats-Unis. On sait seulement que cet accord accepte une meilleure rétribution des contenus si souvent « empruntés ».

Deuxième assaut après la Chine

Microsoft, qui ne dépasse pas 5 % du marché publicitaire australien, décide de jouer les bons élèves avec sa plate-forme Bing et se déclare prêt à respecter les régulations des gouvernements, y compris en Europe, en appliquant la directive « droit voisin » que nous avons fait voter par le Parlement européen en 2019, aussitôt transposée en France.

Alors Facebook négocie, et oblige en réalité le gouvernement australien à retirer et à assouplir la réglementation qu’il avait proposée et que la Chambre basse et la Commission spéciale du Sénat avaient déjà adoptée.

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