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Polonais et Hongrois contre Tchèques et Slovaques : le groupe de Visegrad en crise

Analyse. Il en va des anniversaires comme des rencontres de famille : tous n’ont pas vocation à être d’heureux événements et la bonne ambiance fait parfois office de façade. Le trentième anniversaire du groupe de Visegrad (V4), plate-forme de coopération entre la Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie, célébré le 17 février au château de Wawel, la résidence et nécropole des rois de Pologne, à Cracovie, a montré que le « club » d’Europe centrale, en dépit de sa communauté de destin et d’intérêts potentiels soulignée à souhait, est en train de vivre une crise existentielle majeure.

Fondé en 1991, le groupe avait pour objectif d’accompagner ses pays dans leur adhésion à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et à l’Union européenne (UE). Les années qui ont suivi ont constitué une véritable « success story » européenne : non seulement le groupe V4 a rempli ses objectifs premiers, mais il est aussi devenu l’une des régions de l’UE les plus dynamiques économiquement, longtemps comparée aux « tigres » asiatiques. Puis il y a eu la dérive autoritaire et « illibérale » de la Hongrie de Viktor Orban, puis, quelques années plus tard, celle de la Pologne de Jaroslaw Kaczynski. C’est cet écart par rapport aux valeurs européennes fondamentales qui a fini par avoir raison de la cohésion politique du groupe

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Le temps de l’alliance autour de la crise migratoire, où le groupe V4 était au diapason pour dénoncer de manière virulente sur la scène européenne le système de relocation automatique des migrants, est révolu. Un clivage clair apparaît désormais entre, d’un côté, une alliance polono-hongroise qui octroie au groupe V4 un dessein quasi messianique pour « réparer » l’UE et y exporter sa vision souverainiste, identitaire et « illibérale » de la démocratie et, d’autre part, un couple République tchèque-Slovaquie qui non seulement est loin de partager cette vision, mais va jusqu’à remettre en question la raison d’être politique du groupe.

Ambitions diamétralement opposées

Ces dissonances sont apparues au grand jour le matin même du sommet, par tribunes interposées. A un texte de Viktor Orban appelant les membres du groupe à s’unir pour défendre « l’identité chrétienne européenne » contre ses « ennemis intérieurs et extérieurs », le ministre des affaires étrangères slovaque, Ivan Korcok, a répondu en des termes sans équivoque. « Insister sur le fait que le groupe V4 doit agir comme un bloc politique au sein de l’UE n’est pas une bonne idée. » Car qu’en serait-il si tout le monde, en Europe, faisait de même ? Quant « aux appels à s’unir pour apporter un modèle de gouvernance et d’intégration alternatif (…) : ils ne sont pas de l’intérêt de la Slovaquie ».

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