Tiger Woods, une légende du golf habituée des faits divers

Publié le : 24/02/2021 – 18:19

Le tennis a Roger Federer. Le football américain de Tom Brady. Le basket avait Kobe Bryant. Certains sportifs incarnent à eux seuls une discipline et leur aura dépasse ce seul cadre. Tiger Woods est de ceux-là tant il est aujourd’hui, à l’âge de 45 ans, considéré comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du golf. Mais depuis un peu plus d’une décennie, ses déboires en dehors du green ont contribué à ternir sa légende. Son accident de voiture, mardi 23 février, en est la dernière illustration.

La légende du green

Quand il débarque sur la planète golf au milieu des années 90, Tiger Woods suscite immédiatement un intérêt hors norme. Jeune, métissé (né d’un père noir et d’une mère asiatique), il dépoussière son sport et fascine grâce à son jeu plus agressif, son approche physique d’une discipline encore réticente aux salles de gym et sa fougue.

Et surtout, il gagne. Il gagne vite et il gagne beaucoup. Phénomène de précocité, il devient le plus jeune vainqueur du Masters, plus jeune numéro un mondial, plus jeune golfeur à remporter 50 tournois du circuit nord-américain.

Entre 1996 et 2008, il domine outrageusement son sport, empoche 14 titres du Grand Chelem et fait passer le golf sur une autre planète. La sienne.

Divorces, douleurs au dos et sorties de route

Puis la machine s’enraye. En 2009, la révélation de ses nombreuses infidélités désarçonne celui que l’on croyait à l’époque inébranlable et crée un scandale retentissant dont se délecte la presse people. À l’époque, un mystérieux accident de voiture fait déjà parler : le champion de golf américain percute une borne incendie puis un arbre avec son SUV, non loin de son domicile en Floride après une dispute conjugale. Il se sépare peu après de sa femme, le mannequin suédois Elin Nordegren, avec qui il a deux enfants.

Contraint par ses sponsors, dont le géant du sport Nike qui en a fait une de ses figures de proue, de faire des excuses publiques, son image s’effrite sérieusement. Sa carrière connaît un premier coup d’arrêt.

Il chute mais ne renonce pas. Il va mettre quatre ans à retrouver le fauteuil de N.1 mondial et, en 2013, parvient à redevenir le sportif le mieux payé au monde selon le magazine économique Forbes, qui estime à plus d’1,5 milliard de dollars le total de ses gains depuis ses débuts pros, en 1996.

C’est alors son physique qui l’abandonne. Touché au dos, il est opéré une première fois en 2014. Son swing se délite, son mental vacille et son niveau inquiète. Il réalimente de nouveau la rubrique des faits divers en se faisant arrêter, endormi au volant de sa voiture, sous l’emprise d’un cocktail de médicaments et d’antidépresseurs un soir de mai 2017 en Floride.

Quand il revient sur les greens en janvier 2018, après plusieurs tentatives ratées et quatre opérations du dos, dont une arthrodèse, une douloureuse fusion de vertèbres, Woods doute. Incapable de marcher pendant un moment, retombé dans les profondeurs du classement mondial, dépressif, il a même envisagé de ranger ses clubs et de mettre un terme à sa carrière.

L’art du come-back

Pourtant, malgré tout, il revient. Tiger Woods réussit en 2019 l’un des plus improbables come-backs de l’histoire du sport. Il met fin à une disette de onze ans en Grand Chelem en remportant, en avril 2019, le prestigieux Masters d’Augusta, grâce à une série de coups incroyables et à son mental d’acier. Comme à ses plus belles heures. Six mois plus tard, il s’offre son 82e titre sur le circuit PGA lors du Zozo Championship, au Japon.

À son palmarès quasiment sans équivalent figurent actuellement 15 titres du Grand Chelem, soit trois de moins que son mentor Jack Nicklaus, et 82 titres PGA, record de son compatriote Sam Snead égalé.

Des figures que le golfeur est toujours déterminé à égaler ou dépasser. Cependant, en janvier 2021, le golfeur a dû être opéré une nouvelle fois du dos pour retirer un fragment de disque qui pinçait un nerf. Aucune date n’est encore fixée pour son retour en compétition.

L’accident de mardi pourrait le compromettre encore davantage : l’équipe médicale l’ayant opéré a indiqué que le « Tigre » a subi de « multiples fractures ouvertes » à la jambe droite qui ont nécessité de lui insérer une tige métallique dans le tibia et des vis pour consolider les os du pied et de la cheville.

De quoi le mettre à la retraite prématurément ? Tiger Woods s’est jusqu’ici toujours relevé. Comme le notait l’ancien président des États-Unis, Barack Obama, qui lui a souhaité un prompt rétablissement : « Si nous avons appris quelque chose durant toutes ces années, c’est qu’il ne faut jamais considérer que Tiger est hors-jeu », a-t-il écrit sur Twitter.