Le regard fixe, les sourcils froncés, la barbe taillée, Pablo Hasel lève un poing au ciel, prend son sac de sport et suit la quinzaine de policiers qui l’entourent, dans l’université de Lérida où il s’était retranché avec quelques sympathisants. Pour les journalistes présents, et face l’indifférence des agents chargés de le conduire au centre pénitencier, il clame, bien haut, ce 16 février : « Nous vaincrons, cet Etat fasciste ne nous arrêtera pas ».
Depuis que le rappeur Pablo Rivadulla Duro, plus connu sous son nom d’artiste Pablo Hasel, a été incarcéré, condamné à neuf mois de prison ferme pour apologie du terrorisme et injures au roi et aux institutions de l’Etat, pas un jour ne s’achève sans que des protestations violentes, ponctuées de pillages et saccages ne se produisent à Barcelone, ainsi que dans d’autres villes de Catalogne et du reste de l’Espagne. Outre plusieurs blessés, le dernier bilan porte à 113 le nombre de personnes arrêtées ces derniers jours, dont de nombreux mineurs.
A 32 ans, Pablo Hasel est ainsi devenu pour une partie de la jeunesse le symbole de la « liberté d’expression ». Il a cependant loin d’avoir le profil d’un chantre des droits de l’homme. Né a Lérida, au sein d’une famille bourgeoise de Catalogne, et scolarisé dans une école privée jésuite, Pablo Hasel commence à faire parler de lui pour ses démêlés avec la justice – plus que pour ses qualités artistiques – quand, en 2011, âgé de 25 ans, il est placé en garde à vue pour des chansons diffusées sur YouTube.
Des rimes acerbes et provocatrices
Son arrestation et les fouilles pratiquées chez lui suscitent déjà de premières mobilisations, dans un contexte particulier : celui de la montée d’un mouvement de contestation large contre le « système » capitaliste et les « élites », dans le sillage des « indignés ».
Dans ses textes, celui qui se définit comme artiste « autodidacte », « communiste et antifasciste » clame que « la voiture de Patxi Lopez [ancien dirigeant socialiste basque] mérite d’exploser »
Dans ses textes, celui qui se définit comme artiste « autodidacte », « communiste et antifasciste » clame que « la voiture de Patxi Lopez [ancien dirigeant socialiste basque] mérite d’exploser », que « c’est une erreur de ne pas écouter ce que je chante, comme Terra Lliure [groupe terroriste catalan] de laisser vivant Losantos [journaliste de droite kidnappé et blessé à la jambe par Terra Lliure en 1981] ». Ou encore que les Groupes de résistance antifasciste du premier octobre (Grapo, dont le dernier assassinat date de 2006) « exerçaient de l’autodéfense face à l’impérialisme et à ses crimes », et qu’il « pense aux balles qui atteignent les nuques des juges nazis ». Il demande aussi que « quelqu’un plante un piolet dans la tête de José Bono [ancien ministre socialiste] ».
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