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A Alger, deux ans après, la rue renoue avec le Hirak

Les manifestants, brandissant un panneau qui dit « non à la normalisation avec le régime », se rassemblent pour marquer le deuxième anniversaire du Hirak dans la capitale, Alger, le 22 février 2021. Les manifestants, brandissant un panneau qui dit « non à la normalisation avec le régime », se rassemblent pour marquer le deuxième anniversaire du Hirak dans la capitale, Alger, le 22 février 2021.

« C’est tout simplement impressionnant. » Lunettes sur le nez, Mounir a le regard tourné vers la foule compacte qui noircit le bas de la rue Didouche-Mourad jusqu’à la place Maurice-Audin, deux lieux emblématiques d’Alger. « Demain, il y aura la manifestation des étudiants », assure cet employé administratif qui a momentanément quitté son bureau pour rejoindre le cortège. Comme si les habitudes du Hirak (« mouvement ») reprenaient.

Lundi 22 février, des milliers d’Algériens ont manifesté dans les rues de la capitale, deux ans jour pour jour après la première marche algéroise du 22 février 2019, lever de rideau d’une mobilisation qui a eu raison de la candidature de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat avant de placer le régime sur la défensive. Une célébration ? Pas tout à fait, si on en croit les slogans chantés par les manifestants. « Nous ne sommes pas là pour célébrer mais pour que vous partiez », scandent hommes et femmes confondus.

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Quatorze mois après l’arrivée d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence, les Algériens maintiennent les revendications du Hirak pour un réel changement de système et un Etat de droit. « Tebboune est une fraude », « Les généraux à la poubelle », « Le peuple réclame l’indépendance », crient les manifestations sous une pluie fine.

Dans la matinée, les forces de sécurité ont procédé à des dizaines d’interpellations. « On se croirait dans “La Bataille d’Alger” », lâche un jeune homme, en référence aux scènes de quadrillage de la Casbah dans le film de Gillo Pontecorvo (1966). Contrôles d’identité et fouilles des sacs sont de rigueur devant les barrages dressés dans plusieurs ruelles qui mènent vers les lieux où les protestataires avaient l’habitude de se rassembler durant les cinquante-six manifestations hebdomadaires recensées entre février 2019 et mars 2020, date de la suspension du mouvement en raison de l’épidémie de Covid-19.

La capitale est quadrillée

« Je ne savais pas qu’on allait être bombardés aujourd’hui », lance une femme qui toise un policier. Ces derniers jours, les habitants de la capitale se sont habitués à la forte présence policière mais, ce 22 février, les forces de sécurité sont fébriles. La capitale est quadrillée de toutes parts. Les accès par la route sont difficiles et des files de fourgons de police longent les principales rues du centre-ville alors que, dans le ciel, un hélicoptère tournoie bruyamment.

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