Quatrième nuit de manifestations en Espagne. Deux personnes ont été arrêtées à Barcelone et deux autres à Gérone, en Catalogne, au cours d’une nouvelle nuit d’affrontements entre manifestants et policiers à la suite de l’incarcération, mardi, du rappeur espagnol Pablo Hasel, a annoncé la police, samedi 20 février. Huit policiers ont été blessés dans les affrontements, a précisé la police, tandis que six personnes ont été légèrement blessées, selon une source médicale.
De nouvelles manifestations sont attendues samedi, avec des rassemblements prévus à Barcelone, Madrid, Pampelune, Logrono et Majorque. Depuis quatre jours, les manifestations se succèdent pour protester contre l’incarcération de Pablo Hasel, 32 ans, l’un des représentants de la scène rap indépendante et engagée en Espagne, proche de certains mouvements d’extrême gauche.
Il a été condamné à neuf mois de prison pour des tweets dans lesquels il insultait la monarchie et la police, ainsi que pour apologie du terrorisme. Il y qualifiait notamment les forces de l’ordre espagnoles de « mercenaires de merde », les accusait de torture et d’assassinats et s’en prenait également à la Couronne.
Une centaine d’arrestations en quatre jours
A Barcelone, quelque 2 000 manifestants se sont réunis dans la soirée de vendredi et les heurts n’ont pas tardé à éclater. Des manifestants encagoulés ont lancé des pierres, des bouteilles et des pétards sur la police, et ont mis le feu à des barricades érigées avec des poubelles et des chaises de restaurant. Au moins un restaurant a été incendié tandis que des banques et des commerces ont été vandalisés et pillés, selon la police.
Près d’une centaine de personnes ont été arrêtées depuis mardi. De nombreuses autres ont été blessées, dont des policiers et une jeune fille qui a perdu un œil à Barcelone, probablement après un tir de balle en caoutchouc de la police. Seize personnes ont notamment été arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi à Barcelone et à Valence.
La plupart des manifestations ont commencé à Barcelone, ville dont est originaire le rappeur, et se sont étendues à d’autres villes dans l’ensemble de l’Espagne, dont Madrid, Valence et Grenade. Plus de 200 personnalités du monde culturel hispanophone, dont le réalisateur Pedro Almodovar et l’acteur Javier Bardem, avaient également signé une tribune en sa faveur le 8 février.
Querelle politique
L’affaire embarrasse le gouvernement de gauche et surtout le Parti socialiste. Sur la défensive, l’exécutif a promis lundi dernier « une réforme » pour que les « excès verbaux commis dans le cadre de manifestations artistiques, culturelles ou intellectuelles » ne relèvent pas du droit pénal et ne se traduisent plus par des peines de prison.
Les violences ont également suscité une querelle politique, exacerbée par les divisions au sein de la coalition gouvernementale qui regroupe les socialistes du premier ministre Pedro Sanchez et le parti de gauche radical Podemos. Pedro Sanchez a condamné les violences tandis que les dirigeants de Podemos ont exprimé leur soutien aux manifestants. Le leader de Podemos, Pablo Iglesias, avait ainsi affirmé qu’il n’existait pas en Espagne « une situation de normalité politique et démocratique pleine ».
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