Le PDG de Danone Emmanuel Faber, sous pression de fonds d’investissement qui réclament son départ, a défendu vendredi sa stratégie et donné quelques gages aux actionnaires, après des performances 2020 plombées par la pandémie.
« Je ferai mon acte de contrition le moment venu et s’il y a matière à le faire », a affirmé Emmanuel Faber lors d’une visioconférence de presse, debout derrière un comptoir garni de produits Danone.
Évacuant les questions au sujet de son avenir à la tête de l’entreprise, il s’est dit « à la fois serein, très concentré et plus à l’écoute que jamais ».
Les fonds d’investissement Artisan Partners et Bluebell Capital Partners ont récemment fait savoir qu’ils jugeaient les performances de l’entreprise insuffisantes sans que la crise du Covid-19 suffise à l’expliquer et mis en cause la gestion de son patron.
Le silence des administrateurs du groupe a semé le doute sur leurs intentions à l’égard de Faber, directeur général du fleuron français de l’agroalimentaire depuis 2014 et président directeur général depuis 2017.
De quoi inquiéter les syndicats CFDT, FO et CGC, qui ont apporté leur soutien à la gouvernance actuelle, alors même que Danone prépare jusqu’à 2.000 suppressions de postes dans le monde.
Au sujet de ce plan social, « nous sommes engagés à en clarifier aussi vite que possible les conséquences pour chacune des personnes concernées », indique Emmanuel Faber dans le communiqué de présentation des résultats 2020.
La reprise surviendra dans le courant de l’année, anticipe-t-il, après un recul de 6,6% des ventes en 2020, à 23,6 milliards d’euros, soit un manque à gagner d’environ 1,7 milliard par rapport à 2019.
La baisse d’activité la plus marquée (-21,1%) concerne la vente d’eaux en bouteille, « sévèrement pénalisée par les restrictions aux déplacements liées au Covid-19 ».
Quant à la marge opérationnelle courante, indicateur scruté par les marchés, elle s’établit à 14% (contre 15,2% en 2019), signe que la rentabilité se rétracte. Le groupe prévoit que cette marge restera « globalement » à ce niveau en 2021.
Cette publication a été suivie d’une nette augmentation du titre à la Bourse de la Paris. Il progressait de 4,28% à 57,96 euros vers 15H15 (14H15 GMT), dans un marché en hausse de 0,67%.
L’action reste toutefois 20% en dessous de sa valeur d’il y a un an.
– Rémunération liée au cours de Bourse –
En présentant les résultats aux analystes et à la presse, Emmanuel Faber s’est appliqué, graphiques à l’appui, à montrer que le groupe avait souvent fait mieux que ses concurrents ces cinq dernières années.
Il a aussi défendu ses choix stratégiques, comme l’acquisition au prix fort en 2016 du géant américain du bio WhiteWave (qui compte la marque Alpro spécialisée dans les laits végétaux), en soulignant que les ventes avaient progressé de 11% (hors effets de changes) « au milieu de cette pandémie ».
« On croit à la stratégie qu’on a, on la suit », a-t-il déclaré, convaincu de « la supériorité du portefeuille du groupe ».
Tandis que le groupe prévoit toujours de vendre des activités jugées pas assez performantes, en Argentine par exemple, il annonce une nouvelle acquisition dans le domaine de l’alimentation végétale: l’entreprise californienne Follow Your Heart, « leader sur les marchés du fromage et de la mayonnaise d’origine végétale ».
Le PDG, réputé prôner un capitalisme plus vert et plus social, a aussi souligné que l’ »objectif du modèle économique de Danone » était de « retourner de la valeur pour nos actionnaires ».
Dans ce cadre, sa rémunération et celle des membres du comité exécutif sera en partie subordonnée à l’avenir à l’évolution des dividendes et du cours de Bourse, a-t-il annoncé, assurant que cette question se posait « depuis longtemps ». Donc avant la crise de défiance dont il fait l’objet.
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