Publié le : 15/02/2021 – 22:05
Deux mois après le lancement de sa campagne de vaccination, Israël compte la plus forte proportion de population vaccinée contre le covid-19 au monde. Dans le même temps, une étude nationale publiée dimanche, confirme la forte efficacité des vaccins sur le territoire.
“Il était important de montrer l’exemple pour que tous les Israéliens se vaccinent”. Le 19 décembre 2020, alors que plane en Israël la menace d’un troisième confinement, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, se fait vacciner devant les caméras de télévision et donne le coup d’envoi de la campagne de vaccination nationale.
Deux mois plus tard, l’État hébreu compte la plus forte proportion de population vaccinée au monde. Plus de 3,8 millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin, soit 44 % des 9 millions d’habitants du pays. Une stratégie efficace donc, confortée par les résultats d’une étude, dimanche 14 février, qui indique une baisse drastique du taux d’infection et de cas graves parmi la population vaccinée.
Les chercheurs de la Caisse d’assurance maladie israélienne Clalit ont établi un comparatif entre 600 000 personnes ayant reçu les deux doses recommandées du vaccin Pfizer/BioNTech et un nombre équivalent de personnes n’ayant pas reçu d’injection. Les résultats sont pour le moins probants : « Il y avait une réduction de 94 % du taux d’infection symptomatique et une baisse de 92 % du taux de maladie grave” rapporte l’assureur dans un communiqué.
« La publication de résultats préliminaires à ce stade a pour but de souligner auprès de la population non vaccinée que le vaccin est très efficace et prévient la morbidité grave », explique Clalit. Une démonstration convaincante, selon le professeur Jean-Daniel Lefèvre, spécialiste en vaccinologie et chef du service d’immunologie de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, interrogé par France 24. « Les études de Pfizer montraient déjà un taux d’efficacité de plus de 90 % mais il s’agissait d’études cliniques menées sur des groupes homogènes. Cette nouvelle étude tend à montrer que le vaccin est aussi efficace sur la population générale, ce qui est loin d’être toujours le cas. À ce titre ce sont des résultats très encourageants” analyse-t-il.
Des vaccins contre les données médicales
Dans la course au vaccin, force est de constater qu’Israël a vu les choses en grand. Si, comme dans de nombreux pays, la priorité a été donnée aux plus vulnérables, la quasi-totalité des personnes de 60 ans et plus a été vaccinée en à peine quelques semaines. Pour Gwendoline Debono, correspondante de France 24 à Jérusalem, ce succès est notamment dû à l’architecture du système de santé national : “il y a ici quatre caisses d’assurance maladie. Chaque Israélien est affilié à l’une de ces caisses. Il suffit d’appeler pour être redirigé vers un dispensaire proche de chez soi où le vaccin peut être administré. Ce système facile et efficace est parfaitement adapté à un contexte de vaccination de masse.”
Mais alors que l’Europe prend du retard à cause de problèmes de livraisons, comment l’État hébreu a-t-il pu s’assurer un approvisionnement sans faille des laboratoires ? En négociant, dès la mi-décembre, un accord spécifique avec le géant pharmaceutique américain Pfizer pour le partage de ses données médicales. “Pour être sûr de ne pas manquer de vaccins, le gouvernement a offert au laboratoire une visibilité totale sur les données des patients israéliens” explique le professeur Jean-Daniel Lefèvre. “Les laboratoires ont ainsi eu l’opportunité de suivre au plus près l’efficacité de leur vaccin sur la population. C’est un choix politique qui peut poser des questions éthiques de confidentialité, même si les données sont anonymisées, mais qui s’est révélé très efficace”.
Des mesures de restriction sociales allégées
Durement frappé par la pandémie de Covid-19, le pays a dû se confiner à trois reprises et a pris des mesures extrêmement restrictives pour limiter la propagation du virus. Si les signaux semblent aujourd’hui au vert, les autorités misent sur la prudence avec un déconfinement progressif et localisé, qui a débuté le 7 février. Alors que des restrictions de déplacement ont déjà été assouplies, les commerces de rue, des centres commerciaux, les marchés, les musées ou bien encore les librairies devraient rouvrir à partir du 21 février.
Les hôtels, salles de sport et lieux culturels devraient suivre mais seulement pour les citoyens munis d’un « passe vert », attribué aux personnes déjà vaccinées ou considérées immunisées après avoir été malades. Si les vols internationaux restent pour l’heure quasi-impossibles, ce système vaudra également pour les déplacements à l’étranger : un accord a été signé avec Chypre ainsi qu’avec la Grèce pour permettre la circulation des citoyens déjà vaccinés.
“Les citoyens israéliens sont plutôt contents de la manière dont a été géré la campagne de vaccination, mais ils savent aussi qu’elle ne résoudra pas à elle seule la crise” explique Gwendoline Debono. “Certains pans de la population restent réticents à se faire vacciner comme les orthodoxes et les Arabes israéliens. Par ailleurs, la campagne de vaccination des moins de 35 ans n’a débuté que très récemment et il est encore un peu tôt pour en faire un vrai bilan”.
Malgré les mesures de confinement et la campagne de vaccination, le virus continue de circuler en Israël, qui compte plus de 729 000 cas et 5400 morts. Une circulation active qui inquiète d’autant plus que le variant britannique, plus contagieux, y est majoritaire.
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