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A Madrid, les profs de français sur le pied de guerre

Une salle de classe, à Mairena del Aljarafe, près de Séville, en septembre 2020. Une salle de classe, à Mairena del Aljarafe, près de Séville, en septembre 2020.

LETTRE DE MADRID

Elles semblent bien loin, les années 1970, quand tous les élèves espagnols apprenaient le français, alors seule langue étrangère obligatoire de l’enseignement public. Ce temps aussi où les élites du royaume se revendiquaient souvent comme « afrancesados », terme emprunté au XVIIIe siècle par les amoureux de la culture française et de la langue de Molière.

Le 6 février, le tribunal supérieur de justice de Madrid a accepté la plainte de l’association de professeurs de français de la capitale, Madrigalia, contre le décret approuvé le 29 juillet dernier par la Communauté autonome de Madrid, qui réduira à la rentrée prochaine, de deux à une heure par semaine les matières en option, parmi lesquelles la deuxième langue vivante, donc le français. Une décision prise par le gouvernement régional du Parti populaire (PP, droite) pour augmenter la pratique du sport à l’école, de deux à trois heures hebdomadaires, sans consulter la communauté scolaire ni écouter ses objections. Pourtant nombreuses.

« C’est une erreur lamentable qui va à l’encontre du bon sens et de la littérature pédagogique : une matière d’une heure hebdomadaire finit toujours par devenir résiduelle », souligne ainsi Esteban Alvarez, président de l’association des directeurs d’établissements secondaires de la Communauté de Madrid. Si le français fait partie des « offres obligatoires » dans les établissements, il peut disparaître si le nombre minimum de quinze élèves le demandant n’est pas atteint.

L’Espagne n’impose que l’anglais

A contre-courant des recommandations de la Commission européenne en faveur du plurilinguisme, qui préconisent, hors anglais, l’apprentissage d’au moins une, voire deux langues étrangères au cours de la scolarité obligatoire, l’Espagne n’impose qu’une seule langue vivante étrangère : l’anglais, qui est enseigné dès la maternelle. A Madrid, qui plus est, la moitié des établissements scolaires du primaire comme du secondaire, imposent une scolarité bilingue en anglais.

« Pour être mieux classés dans les tests PISA [Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE], les autorités éducatives ne cherchent qu’à renforcer les mathématiques et l’anglais, au détriment des LV2. Parmi elles, le français est la plus frappée par le décret car c’est la plus étudiée », souligne Purificación Gomez, présidente de Madrigalia.

Près de 1,4 million d’élèves apprennent le français à l’école en Espagne, soit près de 25 % de la population scolaire, alors que 3,2 millions d’enfants suivent des cours d’espagnol en France. Un chiffre bas compte tenu des liens historiques, affectifs, culturels et commerciaux qui unissent les deux pays. Et qui cache une réalité peu reluisante : proposées en option, les deuxièmes langues vivantes (LV2) sont mises en concurrence avec des matières exigeant une charge de travail mineure, comme le sport ou le théâtre. Et si près de 40 % des élèves espagnols choisissent le français à un moment de leur cursus, c’est surtout le cas en première année du secondaire, quand le choix des options est encore limité.

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