C’est une affaire dont les catholiques allemands se seraient volontiers passés. Alors que leur Eglise s’est engagée, depuis un peu plus d’un an, dans un vaste débat interne ayant pour enjeu sa démocratisation et sa modernisation, le cardinal archevêque de Cologne, Rainer Maria Woelki, est l’objet de très vives critiques pour avoir refusé de publier un rapport consacré aux abus sexuels commis sur des mineurs par des membres de son diocèse, entre 1975 et 2018.
Signe de la gravité des tensions : le conseil diocésain de Cologne, qui rassemble des ecclésiastiques et des laïcs, a annoncé, le 29 janvier, qu’il retirait sa confiance à Mgr Woelki. « La façon dont on se comporte à la tête de l’archevêché est incroyable, au moment où notre Eglise traverse la plus grave crise de son histoire. En tant qu’instance morale, l’archevêque de Cologne a gravement failli », a expliqué le président du conseil diocésain, Tim Kurzbach, également maire social-démocrate de Solingen (Rhénanie-du-Nord-Westphalie).
Sans précédent, cette décision, qui concerne le plus grand diocèse d’Allemagne, mais aussi l’un des plus riches, a été prise alors que Mgr Woelki refuse depuis des mois de publier le rapport en question, réalisé par un cabinet juridique de Munich, auquel il reproche des « manquements méthodologiques ». Pour les détracteurs de l’archevêque de Cologne, cette justification est d’autant plus incompréhensible que le même cabinet a rédigé un rapport analogue sur le diocèse d’Aix-la-Chapelle, dans le même Land, qui, lui, a été rendu public en novembre 2020.
« Dommage considérable »
Egalement accusé d’avoir tardé à saisir la justice allemande et à alerter le Vatican à propos d’abus sexuels commis par un prêtre de Düsseldorf sur des mineurs des deux sexes entre 1971 et 1996, et ce, alors qu’il en aurait eu lui-même connaissance depuis plusieurs années, Mgr Woelki voit le nombre de ses soutiens se réduire de jour en jour.
« Un tel comportement discrédite le travail d’introspection qu’a engagé l’Eglise catholique dans son ensemble », a déploré Johannes-Wilhelm Rörig, le délégué fédéral chargé des questions d’abus sexuels commis sur les enfants. Ce poste a été créé en 2010 par le gouvernement allemand, après l’onde de choc suscitée par une série de révélations concernant d’anciennes affaires de pédophilie dans des établissements surtout catholiques, mais aussi laïques et protestants.
Critiqué par des responsables de différents partis politiques, Mgr Woelki a aussi été désavoué par l’un de ses pairs les plus influents, le cardinal archevêque de Munich, Reinhard Marx, ancien président de la Conférence des évêques d’Allemagne (2014-2020). « Les conséquences de cette affaire sont extrêmement négatives pour nous tous. Pour l’Eglise catholique, le dommage est considérable », a-t-il déclaré, le 7 février, au quotidien Augsburger Allgemeine, promettant pour sa part de ne rien faire pour entraver la parution prochaine d’un rapport concernant les abus sexuels commis dans son diocèse de Munich entre 1945 et 2019.
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