S’attirer les foudres d’un extrémiste raciste proche du Ku Klux Klan, se faire tirer dessus à la sortie d’un tribunal où il comparaissait pour « obscénité », devenir paraplégique et écouler les quarante-trois dernières années de sa vie dans un fauteuil roulant plaqué or : ainsi vécut Larry Flynt, mort dans son sommeil, à Los Angeles, le 10 février, à l’âge de 78 ans.
Le communiqué publié par le groupe Flynt précise que l’homme d’affaires, dont la dépendance aux antidouleur et à la drogue était connue, est mort « des suites d’une maladie soudaine », son épouse Elizabeth et sa fille Theresa à ses côtés. Une fin de vie aussi ordinaire que l’existence du fondateur du magazine porno Hustler (« arnaqueur », « escroc », « prostitué », en français, dans le texte) fut effervescente.
Lorsqu’il lance le magazine qui a fait sa réputation, en 1974, Larry Flynt cherche d’abord à faire la promotion des clubs qu’il possède déjà dans l’Ohio, où les clients se rincent le gosier et l’œil devant des serveuses entièrement nues. En 1972, le film de Gérard Damiano Gorge Profonde, avec Linda Lovelace, a connu le succès public, malgré les interdictions pour pornographie, alors que le magazine Playboy, de Hugh Hefner, règne en maître sur la presse érotique.
« Il y avait un créneau à prendre sur le marché de la photographie de charme, et ce créneau était le bas de gamme », raconta plus tard celui qui conquit ses galons de provocateur libertaire sur le corps des femmes, les images crues (les parties génitales y sont exposées sans filtre) et crades (les modèles font, à l’occasion, leurs besoins).
Sex-shops, studios et casino
Un an après la naissance du magazine, Larry Flynt accepte de publier des images refusées par ses concurrents : celles de Jacqueline Kennedy-Onassis nue, « shootée » par un paparazzi italien sur l’île grecque de Skorpios, où le couple possède une résidence. Les ventes de ce numéro exceptionnel atteignent rapidement le million d’exemplaires, installant durablement Hustler dans le paysage (il s’écoulera jusqu’à 3 millions d’exemplaires par numéro).
Ce proche du Parti démocrate était un pourfendeur des discours puritains, moralisateurs et hypocrites
La base d’un empire, progressivement échafaudé sur d’autres publications des clubs, des sex-shops (dont celui, géant, d’Hollywood), des studios spécialisés dans les films X, puis des sites Internet. En 2000, Larry Flynt ouvre même un casino « Hustler » à Las Vegas, qui a annoncé la mort de son fondateur sur Twitter d’un sobre « Rest in peace » (« Qu’il repose en paix »). Quelques heures plus tard, un autre tweet conviait les followers à venir passer un #wildwednesday (« un mercredi sauvage ») avec les jolies « honeys » de l’établissement, Strawberry, Tai, Angie, Courtney, Suset, Lilly et les autres.
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