Publié le : 11/02/2021 – 10:59Modifié le : 11/02/2021 – 11:47
Alexandre Loukachenko a qualifié de « blitzkrieg » de puissances étrangères, le grand mouvement de protestation contre sa réélection. « Une guerre éclair » qui, selon le président biélorusse, a échoué. Le régime est en effet parvenu à étouffer la contestation en multipliant les arrestations dans les rangs de l’opposition.
Une tentative de déstabilisation venue de l’étranger : voici comment Alexandre Loukachenko décrit le mouvement de protestation d’envergure ayant déstabilisé le pouvoir en 2020. Mais ce « blitzkrieg » (« guerre éclair ») de puissances étrangères a échoué, a affirmé jeudi 11 février, le président biélorusse, qui compte bien rester l’homme fort du pays.
« La Biélorussie a subi une attaque des plus cruelles de l’extérieur », a déclaré Alexandre Loukachenko, estimant que les semaines de manifestations de dizaines de milliers de Biélorusses contre sa réélection en août étaient le résultat d’un complot occidental.
« Mais le Blitzkrieg a échoué, et nous avons conservé (le contrôle du) pays », a-t-il assuré lors d’un vaste congrès de cadres de son régime. « Malgré les tensions créées artificiellement dans la société par les forces extérieures, nous avons survécu. »
Les tirades du président étaient entrecoupées de salves d’applaudissements des délégués, assis en rang serrés, la plupart sans masque sanitaire, vêtus de costumes sombres, tailleurs et uniformes.
L’opposition a d’ores et déjà qualifié ce congrès de mascarade.
La figure de proue de l’opposition et rivale d’Alexandre Loukachenko à la présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa, forcée à l’exil en Lituanie, a expliqué à l’AFP ne rien attendre de cette grand-messe du régime.
« Ce ne sont pas des délégués du peuple. Cela n’a aucune signification pour les Biélorusses », a affirmé cette professeure d’anglais de formation de 38 ans, qui a rassemblé pendant des mois derrière elle un mouvement de contestation d’une ampleur inattendue dans cette ex-république soviétique.
Opposition muselée
Le président biélorusse avait promis de présenter des réformes institutionnelles et constitutionnelles à cette Assemblée populaire panbiélorusse. Jeudi, il a demandé aux délégués d’y « réfléchir ».
« On doit attentivement étudier les questions de développement de la société, le rôle des citoyens dans la vie politique du pays, et réfléchir à la possibilité de corriger la loi fondamentale », a-t-il dit devant cette assemblée de 2 700 fidèles.
« Un jour vous élirez un autre Loukachenko, ou quelqu’un d’autre », a encore lâché celui qui dirige le pays sans partage depuis 1994.
Sa réélection controversée en août dernier, dénoncée comme frauduleuse par l’opposition et les pays occidentaux, a provoqué un mouvement de contestation sans précédent qui a secoué le pays pendant des semaines avec de grandes manifestations.
Mais le régime est parvenu à museler la contestation avec des interpellations de masse, des violences policières ainsi que les arrestations ou l’exil de toutes les figures du mouvement de protestation.
« Unité avec la Russie »
Si les Occidentaux se sont élevés contre la répression et ont sanctionné Minsk, le dirigeant biélorusse a pu compter sur le soutien sans faille de Moscou.
« Tout dépendra de notre unité avec la Russie. Nous pourrons assurer la stabilité de nos pays seulement si nous sommes unis », a souligné jeudi Alexandre Loukachenko, en assurant que les tentatives occidentales de faire basculer la situation en Biélorussie étaient « un tremplin pour une attaque contre » Moscou.
La police a, elle, promis d’ »éliminer toute action illégale » jeudi et vendredi, alors que la chaîne Telegram d’opposition Nexta a appelé à manifester. Plusieurs rues du centre de Minsk seront fermées, officiellement du fait de la neige, selon les médias locaux.
Avec AFP
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