Hercule fragilisé? Les syndicats se remobilisent mercredi contre le projet de scission d’EDF, avec notamment un rassemblement autour de l’Assemblée nationale pendant l’audition du patron de l’électricien et alors que le gouvernement a entrouvert la porte à un « plan B ».
Il s’agira de la 5e journée de grève à l’appel de l’interfédérale CGT, CFE-CGC, CFDT, FO depuis le 26 novembre, la 2e en 2021. A chaque fois, la direction, qui se refuse à tout commentaire, a considéré comme gréviste plus d’un agent sur quatre.
Selon les syndicats, plusieurs actions éparses pourraient avoir lieu, comme des barrages filtrants par exemple à la centrale nucléaire de Penly. Des baisses de charges dans les centres de production et les centrales sont également attendues.
Mais le plus gros rassemblement est prévu dès 14H00 autour de l’Assemblée nationale, où doivent être justement auditionnés sur le projet le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy, qui aura également été entendu le matin par les sénateurs, ainsi que le ministre des Finances Bruno Le Maire.
Première à se présenter devant ces mêmes députés, la ministre de la Transition écologique a expliqué jeudi qu’il faudrait « trouver un plan B » si la France ne s’entendait pas avec la Commission européenne sur l’avenir d’EDF.
« A ce jour nous n’avons pas même la certitude de parvenir à un accord », a ajouté Barbara Pompili pendant qu’une centaine d’agents et cinq parlementaires protestaient dehors contre le projet.
Depuis la dernière grève du 19 janvier, les élus nationaux, après les collectivités locales, sont effectivement venu grossir le mouvement. 80 députés de gauche comme de droite ont ainsi cosigné une lettre de protestation et demandé au gouvernement de recevoir des représentants de l’intersyndicale d’EDF.
« On a gagné la bataille des idées, estime Sébastien Menesplier, secrétaire fédéral de la fédération CGT Mines Energie. On se doute qu’il y a un souci quelque part. Les négociations se font dans la plus complète opacité donc il est difficile de savoir d’où viennent les blocages ».
– « Surcoûts faramineux » –
« On considère qu’on n’a jamais été aussi près d’obtenir le retrait du projet, c’est important de rester mobilisés », ajoute-t-il en dénonçant le flou qui l’entoure.
Si l’action s’est intensifiée ces derniers mois, les syndicats affichent effectivement leur franche opposition depuis la présentation du projet en juin 2019.
Ils redoutent un « démantèlement » qui pourrait se traduire par une scission en trois entités de l’électricien détenu à 83% par l’Etat: une entreprise publique (EDF bleu) pour les centrales nucléaires, une autre (EDF vert) cotée en Bourse pour la distribution d’électricité et les énergies renouvelables, et une troisième (EDF azur) qui coifferait les barrages hydroélectriques.
Les syndicats appellent à conserver à EDF sa qualité de « groupe intégré », dont les activités vont de la production d’électricité à la gestion du réseau et à sa distribution aux foyers.
Le projet, qui devait initialement être présenté fin 2019, a pris du retard car il est conditionné à l’avancée de discussions entre la France et Bruxelles. Néanmoins, la menace du recours aux ordonnances pour faire passer cette réforme semble s’être dissipée.
Vendredi, l’ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot a rassuré les protestataires en déclarant dans Le Monde que ce « projet risquait de faire porter aux contribuables les surcoûts faramineux du nucléaire et de privatiser totalement les opportunités et bénéfices économiques des énergies renouvelables ».
Comme les opposants, il demande de « surseoir » à Hercule et d’initier un vrai débat sur l’avenir d’EDF, confronté au défi de sa modernisation alors que ses dettes l’étouffent.
« On ne peut pas se contenter du statu quo, on est face à l’urgence climatique, appelle Anne Debrégeas, ingénieur EDF et porte-parole SUD Energie.
« Quel que soit le choix qui sera pris sur l’énergie, il faut des investissements massifs et seul un outil public peut le faire de façon efficace et sans être trop coûteux. Mais ce gouvernement ne veut pas pousser l’investissement public et préfère faire la place au privé », regrette-t-elle.
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