Mario Draghi, l’homme qui est crédité d’avoir sauvé la zone euro en 2012 en pleine crise de la dette, a été appelé au chevet d’un de ses maillons faibles, l’Italie. Mercredi 3 février, le chef de l’Etat italien, Sergio Mattarella, a chargé l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) de former un gouvernement, ce que ce dernier a accepté « sous réserve » de trouver une majorité parlementaire, a fait savoir le secrétaire général de la présidence.
M. Draghi a immédiatement pris la parole, appelant à « l’unité » des Italiens pour affronter « un moment difficile ». « Vaincre la pandémie, continuer la campagne de vaccination et relancer le pays sont les défis qui nous attendent », a déclaré l’ex-chef de la BCE, à l’issue d’un entretien avec M. Mattarella. Il s’est dit « confiant que l’unité émergera des discussions avec les partis politiques et les groupes parlementaires ».
On ignore pour le moment quels partis seraient prêts à le soutenir. A droite, plusieurs responsables de Forza Italia, la formation de Silvio Berlusconi, se sont déclarés favorables à M. Draghi. Le chef du Parti démocrate (PD), Nicola Zingaretti, s’est, quant à lui, dit « ouvert au dialogue pour le bien du pays ». Mais pour un autre dirigeant du parti, Andrea Orlando, le seul nom de Mario Draghi ne pourra pas « résoudre tous les problèmes » par magie et il faudra se retrousser les manches pour trouver « une convergence sur un programme de réformes ».
Obtenir l’aval du Mouvement 5 étoiles (M5S) sera plus compliqué. Le chef des sénateurs M5S au Sénat, Vito Crimi, a déjà annoncé qu’il n’apporterait pas son soutien à « la voie impraticable » d’un « gouvernement technique » provisoire. « Ce type d’exécutif a déjà été adopté dans le passé, avec des conséquences extrêmement négatives pour les citoyens italiens », a-t-il fustigé.
« Merci président »
Matteo Renzi, ex-président du conseil italien qui a provoqué l’éclatement du gouvernement en retirant récemment l’appui de son parti, jubilait mercredi. « Toutes les personnes de bonne volonté doivent répondre à l’appel du président Mattarella et soutenir le gouvernement de Mario Draghi », a-t-il commenté. Egalement ravi, Romano Prodi, ex-président de la Commission européenne et ancien premier ministre (PD), a jugé que M. Draghi « protégera[it] le pays ». « Dans ce moment si délicat, il est indispensable de chercher à rassurer l’Europe sur la crédibilité de notre système », a-t-il déclaré au journal La Stampa. « Merci, président Mattarella », a lancé sur Twitter le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Paolo Gentiloni, qui figure lui aussi sur la longue liste des premiers ministres d’un pays à l’instabilité politique chronique.
Pour relancer son économie exsangue, l’Italie table sur un plan de plus de 200 milliards d’euros financé par le mégaplan européen de relance décidé en juillet par l’Union européenne, alors que la troisième économie de la zone euro a affiché en 2020 l’une des pires chutes du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro (-8,3 %). L’Italie doit présenter ses propositions à Bruxelles d’ici au 30 avril.
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