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Siemens nomme un nouveau patron après des années de restructuration

Une page se tourne à la tête du groupe allemand Siemens: Joe Kaeser, PDG depuis sept ans, cède mercredi sa place à son numéro 2, Roland Busch, après un mandat marqué par une cure d’amaigrissement.

Nommé pour cinq ans en mars dernier, Roland Busch, 56 ans, homme discret au profil technique et scientifique, était jusque-là le vice-président du directoire de l’entreprise.

La passation de pouvoir officielle doit avoir lieu vers 16h00 GMT, à la fin de l’Assemblée générale virtuelle des actionnaires, selon un porte-parole du groupe.

« Notre entreprise est devant une décennie d’opportunités », a déclaré Roland Busch dans son premier discours aux actionnaires, après avoir rendu hommage à son prédécesseur.

Son entrée en fonction est entachée par l’annonce, mardi, d’un vaste plan de suppression de 7.800 postes dans l’ex-filiale énergétique du groupe, Siemens Energy, dont il est encore actionnaire principal.

Mais le nouveau PDG héritera d’une situation financière solide en début d’année, même si l’exercice 2019/2020 a connu un recul dû à la crise sanitaire.

Siemens a fait état mercredi d’une forte hausse du bénéfice net au premier trimestre de son exercice décalé 2020/2021, à 1,5 milliard d’euros (+38%).

« Nous avons rendu Siemens robuste ces dernières années », s’est félicité Joe Kaeser.

Joe Kaeser et Roland Busch à l'AG virtuelle des actionnaires à Munich (sud de l'Allemagne) le 3 février 2021 (POOL/AFP - Matthias Schrader)

Joe Kaeser et Roland Busch à l’AG virtuelle des actionnaires à Munich (sud de l’Allemagne) le 3 février 2021 (POOL/AFP – Matthias Schrader)

– Contraction du chiffre d’affaires –

M. Busch prendra la tête d’un groupe qui a été bouleversé par son prédécesseur, comme rarement depuis sa création en 1847.

Comme l’ensemble des conglomérats industriels, aux activités larges et multiples, Siemens a dû s’adapter à une économie dans laquelle la spécialisation est devenue centrale.

Sous l’impulsion de son PDG, le groupe s’est concentré sur les secteurs innovants – l’industrie 4.0, les logiciels, l’automatisation – délaissant d’autres secteurs jugés moins rentables.

La taille du groupe s’est considérablement réduite : le chiffre d’affaires annuel du groupe, d’environ 76 milliards d’euros en 2013, est passé à 57,1 milliards d’euros en 2020.

L’introduction en Bourse, en septembre dernier, de la majorité des parts de Siemens Energy, activité historique du groupe, a particulièrement marqué les esprits.

Le conglomérat détient encore 35,1% des parts de cette division, et reste actionnaire principal de son ancienne filiale. Mais il devrait se délester de davantage de parts durant le mandat de M. Busch, pour devenir à terme minoritaire.

Roland Busch faisant son discours à l'AG virtuelle des actionnaires à Munich (sud de l'Allemagne), le 3 février 2021 (POOL/AFP - Matthias Schrader)

Roland Busch faisant son discours à l’AG virtuelle des actionnaires à Munich (sud de l’Allemagne), le 3 février 2021 (POOL/AFP – Matthias Schrader)

Siemens a également introduit en Bourse sa branche santé, Siemens Healthineers, en 2018, et cédé ses parts dans d’autres filiales, notamment Flender (composants industriels).

Pour réduire la voilure dans certains secteurs, l’entreprise a aussi mené de vastes plans de restructuration ces dernières années, supprimant plusieurs dizaines de milliers d’emplois.

Une stratégie critiquée par les syndicats, qui estiment que Siemens a trop pris en compte les demandes de ses actionnaires, alléchés par les cessions d’activité successives, au détriment de l’emploi.

Selon le groupe, le rendement des actions Siemens a « plus que doublé » depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Kaeser en 2013.

« Nous espérons que Roland Busch éloignera Siemens d’une stratégie orientée vers la Bourse », a déclaré à l’AFP le syndicat allemand IG Metall, représentant les salariés du groupe.

– « Meilleure position » –

La politique du groupe risque « d’être la même », prévient toutefois Andreas Lipkow, analyste pour Comdirect.

M. Busch participe depuis longtemps aux décisions chez Siemens: il siège depuis 2011 au directoire du conglomérat, dont il occupait la vice-présidence depuis octobre 2019.

« Siemens est dans une meilleure position aujourd’hui qu’il y a quelques années », a affirmé ce dernier dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung en décembre, défendant la politique de son prédécesseur.

Le conglomérat a relevé mercredi ses prévisions de croissance annuelle de « modérée » à « moyenne ou élevée » pour l’année 2021, malgré la crise du coronavirus qui pèse toujours et a plombé l’exercice 2019/2020.

Les activités numériques que le groupe allemand a gardées, notamment les logiciels et l’automatisation industrielle, portent désormais le groupe.

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