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A l’île d’Yeu, le privilège accordé à « M. Legrand », roi des Belges, fait jaser

Le roi Philippe de Belgique lors d’une réception du Nouvel an, au palais royal de Bruxelles, le 28 janvier 2021. Le roi Philippe de Belgique lors d’une réception du Nouvel an, au palais royal de Bruxelles, le 28 janvier 2021.

Polémique à l’île d’Yeu : séduit depuis une vingtaine d’années par le décor de carte postale de l’île vendéenne, un couple de Belges, « M. et Mme Philippe Legrand », a obtenu, apparemment en contravention avec le plan local d’urbanisme, le droit de construire une annexe à la maison en voie de rénovation qu’ils ont acquise en 2019. Ce bâtiment doit être érigé en bord de route, mais sur ce qui est, en principe, une zone naturelle boisée.

L’affaire, révélée lors du dernier conseil municipal, le 26 janvier, par le chef de la liste d’opposition M’Yeu ensemble − 5 sièges sur 27 −, serait restée cantonnée aux pages d’informations (très) locales si « M. et Mme Legrand » n’étaient en réalité le couple royal belge. Le roi Philippe et la reine Mathilde ont en effet obtenu, en août 2020, le droit d’adjoindre à leur maison de 200 m² un local de 40 m² qui devrait abriter leur personnel de sécurité.

Patrice Bernard, le rival du maire Bruno Noury (sans étiquette), s’est demandé s’il « suffit d’être une majesté pour transgresser la loi et bétonner notre patrimoine naturel avec la complicité des autorités ». Ancien membre de la commission d’urbanisme de l’île, le chef de file de M’Yeu ensemble est soucieux de préserver cet écrin où, malgré la pandémie, un million de touristes ont séjourné en 2020.

Construction « imposée » par le préfet

Et il ne s’est pas satisfait des explications de la mairie, qui a délivré deux permis, en mars et en août derniers, arguant qu’un agent extérieur assermenté avait approuvé le projet. Celui-ci, estime la mairie, est conforme au plan local d’urbanisme, qui autorise des exceptions pour « des équipements collectifs d’intérêt général ». La sécurité du chef de l’Etat belge et de sa famille est-elle « d’intérêt général » ? C’est visiblement ce que pense aussi la préfecture : le maire a dû finalement avouer que la décision d’autoriser la construction lui avait été « imposée » par le préfet. Qui aurait aussi fermé les yeux sur le fait qu’une extension, si elle est autorisée, ne peut dépasser 30 m².

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Du côté du palais de Laeken, on estime, en tout cas, que toutes les procédures ont été respectées. « Un permis de construire a été obtenu en bonne et due forme, dans le respect de la réglementation, sur la base du régime d’exception », explique un porte-parole. Qui confirme que « M. et Mme Legrand, 16, rue Brederode, 1000 Bruxelles » était bien le nom d’emprunt utilisé pour les démarches. Plus discret évidemment que « Philippe de Saxe-Cobourg-Gotha, roi des Belges »…

La petite immodestie royale − pourquoi « Legrand » et pas Dubois ou Peeters, les noms les plus répandus en Wallonie et en Flandre ? − n’est apparemment pas ce qui agace le plus M. Bernard, mais bien le fait que des habitants de l’île se voient, eux, refuser des permis de construire. Lundi 1er février, il dénonçait donc « un privilège ».

« On est un pays de droit, ce qu’on accorde à l’un, on doit l’accorder à l’autre. Et là, aujourd’hui, des îliens viennent frapper à ma porte et me disent : “Moi je veux la même chose” », a-t-il déclaré à la RTBF. Précision : « M. Legrand » est jugé « sympathique » par les opposants au maire, qui espèrent qu’il reviendra bientôt leur rendre visite.

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