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En Côte d’Ivoire, l’entrepreneur des champs qui fait le pari du poivre bio

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Jean-Eudes Kacou à Kapecé, sa ferme de production de poivre, à Tiassalé, en mars 2022. YASSIN CIYOW

Jean-Eudes Kouadio Kacou se considère à plusieurs égards comme un « intrus ». A Tiassalé, une ville située à une centaine de kilomètres au nord-ouest d’Abidjan, ceinturée par d’immenses bananeraies et des champs de cacaoyers à perte de vue, sa petite ferme de poivre avec sa pépinière bien rangée détonne. Presque autant que sa tenue – un marcel gris délavé et des bottes vertes en caoutchouc – semble jurer avec son parler de start-upper.

Formé dans une école de commerce parisienne, cet entrepreneur champêtre âgé de 40 ans assume sa singularité. Il aime la terre, les affaires et veut « hisser le poivre de [s]a plantation en haut du podium mondial ». C’est l’objectif qu’il s’est fixé en 2018 quand il a repris les dix hectares de son père, Pierre Claver Kacou.

Le patriarche, décédé en janvier à l’âge de 96 ans, s’était lancé, en 1997, à une époque où le cacao ivoirien commençait à perdre de sa superbe. La production de « piper nigrum », une liane dont les grains permettent d’obtenir du poivre vert, blanc, rouge ou noir, était alors pour ce grand magistrat, l’un des premiers de la Côte d’Ivoire indépendante, une activité avant tout dominicale.

Le fils, lui, a d’autres ambitions. Sur Internet et grâce à des amis qui lui ramènent des échantillons, il se renseigne et goûte les meilleurs poivres du monde, notamment le blanc du Penja produit au Cameroun et le rouge de Kampot originaire du Cambodge. Des produits à la réputation internationale, bénéficiant chacun d’une appellation d’origine protégée (AOP), un label d’exception que lorgne l’agriculteur ivoirien pour son poivre de Tiassalé.

Tout apprendre

Pour sa marque, Kapecé, il vise l’obtention de la certification AOP « d’ici à cinq ans » et pourquoi pas, à terme, « détrôner les autres poivres superstars », ajoute-t-il, rieur. Aujourd’hui, le néoartisan produit du poivre vert frais et du poivre rouge sec, tous deux très demandés sur le marché international.

A l’heure de son retour à la terre, cet ancien citadin, revenu au pays il y a une décennie pour travailler dans la distribution de matériel informatique, ne connaissait rien ou presque à l’agriculture. Il a dû tout apprendre : préparation des boutures, traitement des lianes, maturation des grains et processus de fermentation…

Désormais, l’autodidacte s’amuse de sa nouvelle expertise et de sa capacité à parler des arômes et des agrumes des grains. « Quand j’ai repris l’exploitation de la plantation, elle n’était pas rentable. Quatre ans plus tard, elle l’est. C’est grâce au travail », précise-t-il fièrement.

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