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Guerre en Ukraine : la Turquie réunit les chefs de la diplomatie russe et ukrainien à Antalya

Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, le 9 mars 2022, à Ankara, à la veille de recevoir ses homologues russe et ukrainien pour des pourparlers sur le conflit en Ukraine. BURHAN OZBILICI / AP

La Turquie accueille, jeudi 10 mars, les ministres russe et ukrainien des affaires étrangères pour leur premier face-à-face depuis le début de l’offensive russe en Ukraine. Sergueï Lavrov et son homologue ukrainien Dmytro Kuleba seront reçus par le ministre turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, station balnéaire prisée des touristes russes.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a multiplié les efforts de médiation depuis le début de la crise, a fait valoir, mercredi, que « la Turquie peut parler à la fois à l’Ukraine et à la Russie ». « Nous travaillons pour éviter que la crise ne se transforme en tragédie », a-t-il insisté.

L’Ukraine et la Russie se sont accordés mercredi pour un cessez-le-feu de douze heures autour d’une série de couloirs humanitaires afin d’évacuer les civils.

Mercredi, M. Kuleba a assuré dans une vidéo sur Facebook qu’il ferait tout pour que les « pourparlers [soient] les plus efficaces possible » tout en confiant avoir des « attentes limitées ». « Je n’ai pas grand espoir mais nous ferons tout pour en retirer le maximum », a-t-il dit, affirmant que « tout dépendra des instructions que Lavrov aura reçues avant ces discussions ».

Antalya constitue la première sortie de M. Lavrov hors de Russie, de plus en plus isolée par les sanctions occidentales qui la visent, depuis le début de la guerre le 24 février. Il est arrivé dans la ville balnéaire turque mercredi en début de soirée. Les pourparlers d’Antalya interviennent alors que la Russie a fait état de « progrès » dans ses discussions avec l’Ukraine.

Les deux ministres seront rejoints jeudi par le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AEIA), en vue de réunions pour « progresser sur la question urgente de la sûreté et de la sécurité » des installations nucléaires ukrainiennes, selon un tweet de Rafael Grossi.

La Turquie, membre de l’OTAN, est un allié de l’Ukraine à qui elle fournit des drones de combats. Tout en veillant à maintenir ses relations avec la Russie dont dépendent étroitement son tourisme et ses approvisionnements en blé et énergie. Avant le coup de fil prévu avec Joe Biden, M. Erdogan s’était d’ailleurs entretenu dimanche au téléphone avec le président russe Vladimir Poutine pour réclamer un cessez-le-feu.

Ankara s’en tient depuis le début à un délicat exercice d’équilibre entre les deux belligérants et maintient les canaux de discussion ouverts. « N’abandonner ni Kiev, ni Moscou » et « ne pas céder sur les intérêts de la Turquie », a résumé M. Erdogan aux premiers jours du conflit, tout en dénonçant une invasion « inacceptable » de l’Ukraine par la Russie. Il ne s’est en revanche pas joint aux sanctions occidentales, maintient son espace aérien et les voies maritimes ouverts à la Russie.

Maternité détruite à Marioupol

Un établissement abritant un hôpital pédiatrique et une maternité à Marioupol, port assiégé du sud-est de l’Ukraine, a été détruit mercredi par des bombardements russes, faisant dix-sept blessés confirmés parmi le personnel hospitalier selon un premier bilan des autorités locales.

« Aujourd’hui, nous devons nous unir pour condamner ce crime de guerre de la Russie, qui reflète tout le mal que les envahisseurs ont fait à notre pays », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans un message vidéo, appelant les leaders occidentaux à faire preuve de « courage » pour « faire enfin ce qu’ils auraient dû faire le premier jour de l’invasion. Soit fermer le ciel aérien aux missiles et bombes russes, soit nous donner des avions de chasse pour que nous puissions tout faire nous-mêmes ». Moscou affirme pour sa part que des « bataillons nationalistes » ukrainiens utilisaient l’hôpital comme base de tirs.

Les neuf jours de siège russe sur le port stratégique de Marioupol dans le sud de l’Ukraine ont fait un total de 1 207 morts parmi les civils, a affirmé mercredi la mairie sur Telegram. Quelque 300 000 civils sont coincés depuis des jours par les combats dans le port stratégique de Marioupol, sur la mer d’Azov, privé d’eau, de nourriture et d’électricité et où l’aide humanitaire n’a pas pu arriver.

35 000 civils évacués mercredi

Après un accord entre Moscou et Kiev sur l’ouverture de corridors humanitaires dans des villes bombardées, au moins 35 000 civils ont été évacués, mercredi, de Soumy, d’Enerhodar et de zones proches de la capitale Kiev, a annoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Il a dit espérer la poursuite des évacuations jeudi, avec l’ouverture de trois autres couloirs humanitaires à partir des villes de Marioupol, de Volnovakha (sud-est) et d’Izioum (est).

Mig-29 : non définitif de Washington

Les Etats-Unis ont définitivement rejeté, mercredi, la proposition de la Pologne de livrer à l’armée américaine ses avions Mig-29 pour qu’ils soient ensuite remis à l’Ukraine, jugeant l’offre de Varsovie « risquée » et susceptible de provoquer une escalade russe.

Washington ne « soutient pas le transfert d’avions de combat supplémentaires à l’armée de l’air ukrainienne à l’heure actuelle » pour l’aider à faire face à l’invasion décidée par Vladimir Poutine, a déclaré le porte-parole du Pentagone John Kirby, à la suite d’un échange mercredi entre le ministre américain de la défense et son homologue polonais.

Armes chimiques : Washington accuse Moscou de « mensonges »

« Le Kremlin répand intentionnellement des mensonges purs et simples selon lesquels les Etats-Unis et l’Ukraine mènent des activités liées à des armes chimiques et biologiques en Ukraine », a déclaré, aujourd’hui, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price dans un communiqué.

« Nous avons aussi vu que des responsables de la République populaire de Chine colportaient ces théories du complot », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas la première fois que la Russie invente de telles fausses accusations contre un autre pays », a-t-il affirmé, assurant qu’elles avaient été « infirmées de manière définitive et à plusieurs reprises ».

Interrogée mardi lors d’une audition parlementaire, la numéro trois de la diplomatie américaine Victoria Nuland avait affirmé que l’Ukraine disposait « d’installations de recherche biologique ». « Nous sommes de fait à présent assez inquiets par la possibilité que les forces russes tentent d’en prendre le contrôle », avait-elle ajouté, assurant travailler avec les Ukrainiens pour éviter que ces matériaux sensibles « puissent tomber aux mains » de Moscou.

Le Monde avec AFP

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