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Guerre en Ukraine : des vidéos analysées par « Le Monde » attestent de l’usage d’armes à sous-munitions en zones civiles

Par Arthur Carpentier, Adrien Vande Casteele et Service vidéo du Monde

Publié aujourd’hui à 16h48

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EnquêteDes vidéos analysées par plusieurs ONG et médias, dont « Le Monde », documentent le recours à des bombes à sous-munitions, interdites par des traités internationaux. Si l’origine des tirs est parfois difficile à prouver, certaines images documentent une très probable responsabilité de l’armée russe.

« Nos frappes ne sont lancées que sur des installations militaires et utilisent exclusivement des armes à guidage de précision », assurait le ministre de la défense russe, Sergeï Shoigu, le 1er mars. Une affirmation répétée par Vladimir Poutine, le 6 mars, au cours d’un échange téléphonique avec Emmanuel Macron.

Zones résidentielles touchées, civils tués ou blessés et recours à des armes à sous-munitions… Depuis le début de la guerre en Ukraine, des images publiées sur les réseaux sociaux documentent pourtant des exactions russes contre des populations civiles.

Particulièrement touchée par les tirs d’artillerie et de missiles russes, Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, a déjà payé un important tribut. La cellule d’enquête vidéo du Monde a récolté et analysé des dizaines de photos et de vidéos, qui renseignent sur la nature des bombardements. Plusieurs images montrent l’utilisation d’armes à sous-munitions, et leurs conséquences meurtrières pour les civils.

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Plusieurs vidéos de bombes à sous-munitions ont été filmées en Ukraine en février 2022.

Les bombes à sous-munitions, une arme dévastatrice pour les civils

Contrairement à la plupart des missiles et des bombes, qui ne contiennent qu’une seule charge explosive, les armes à sous-munitions en contiennent plusieurs, libérées en grappes. Au cours du vol, le conteneur s’ouvre et laisse s’échapper quelques dizaines à plusieurs centaines d’explosifs, qui vont s’éparpiller sur une vaste surface et exploser à proximité du sol, ou au sol.

Ces armes, dites « non discriminantes », ne permettent pas de distinguer les civils des militaires et risquent de toucher des habitations à plusieurs centaines de mètres de la cible initialement prévue par le tireur.

Autre danger : un certain nombre des sous-munitions larguées n’explosent pas à l’impact, et peuvent tuer des civils longtemps après leur largage. Plusieurs photos de ces explosifs qui ne se sont pas déclenchés mais gisent au sol, encore en état de nuire, ont été prises en Ukraine.

LE MONDE

En raison des risques pour les populations civiles, plus d’une centaine de pays ont ratifié, en 2008, une convention interdisant l’utilisation d’armes à sous-munitions. Ni la Russie, ni l’Ukraine ne l’ont signée. Depuis 2014, des ONG ont accusé les deux pays d’avoir eu recours à ces armes dans le Donbass, à l’est de l’Ukraine.

D’où viennent ces bombes ?

Les images d’explosions de sous-munitions que nous avons pu analyser ne permettent pas de déterminer, à elles seules, qui a tiré. Mais d’autres vidéos et photos laissent voir certaines sections des missiles et permettent d’identifier les modèles utilisés. Il s’agit essentiellement de missiles de la famille 9M55K, dits « Smerch », et, plus rarement, 9M27K, dits « Ouragan ». Plusieurs versions de ces roquettes permettent le largage de sous-munitions et équipent les armées russe, biélorusse et ukrainienne.

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