FRANCE 5 – DIMANCHE 31 JANVIER À 20 H 50 – SÉRIE DOCUMENTAIRE
Si personne n’a oublié les attentats du 13 novembre 2015, notamment aux abords du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où trois hommes se sont fait exploser, qui se souvient que le premier d’entre eux était irakien ?
La question, posée en introduction d’Irak, destruction d’une nation, rappelle que l’histoire de cette puissance pétrolière est intimement liée à la France. En particulier depuis l’émergence, dans les années 1970, de Saddam Hussein sur la scène politique nationale. Le réalisateur de cette série documentaire en quatre parties, Jean-Pierre Canet, a choisi la figure du raïs comme fil conducteur pour retracer les quarante ans – deux guerres, un blocus et deux dictatures – qui ont mené l’Irak au chaos. « L’Allié », « L’Adversaire », « Le Condamné », « Le Fantôme » : ces quatre épisodes passionnants, programmés à la suite, s’appuient sur des témoignages exceptionnels.
Le réalisateur a ainsi retrouvé Mokdad Al-Sabaawi, cheikh de la tribu Sabaawi, au visage encore juvénile, qui se souvient bien du jeune Ammar Al-Sabaawi, un des kamikazes de Saint-Denis. Il était originaire de Mossoul, avait 18 ans et appartenait à sa tribu, dont il avait été banni. Mohammed Zaki, la cinquantaine, est commerçant à Mossoul, dans le quartier où Ammar est né. Enfant, il l’a connu vivant et joyeux, quand « entre voisins, chrétiens ou musulmans, on cohabitait comme des frères ». Cet ancien militaire regrette qu’il n’y ait pas un homme « comme Saddam » à la tête de l’Irak.
De nombreux hauts responsables politiques locaux ont également accepté d’être interrogés, tel Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien entre 2005 et 2017, ou encore Oussama Al-Noujaïfi, leader sunnite et vice-président irakien de 2016 à 2018.
Opération « Tempête du désert »
Le documentariste revient longuement sur l’opération « Tempête du désert », menée, en 1990, par les Américains et leurs alliés, pour contrer l’invasion du Koweït par les troupes de Saddam Hussein, avec les témoignages, côté français, de Roland Dumas (ministre des affaires étrangères de 1988 à 1993) et Jean-Pierre Chevènement (ministre de la défense entre 1988 et 1991).
Côté américain, le lieutenant général Buster Glosson explique, fièrement, comment il a conçu l’intervention autour de l’avion furtif F-117. Paul Bremer, ancien administrateur de la coalition en Irak (2003-2004), ou encore Douglas Feith, sous-secrétaire à la défense entre 2001 et 2005, viennent également égrener leurs souvenirs, confronter leurs points de vue. Certains témoignages sont poignants, d’autres révoltants. Notamment lorsque est rappelé, à l’évocation de l’« affaire des couveuses » (sur de faux témoignages prétendant que des Irakiens auraient tué des bébés à la maternité de Koweït-City), jusqu’où est allée la propagande des autorités américaines pour convaincre l’opinion du bien-fondé du déclenchement de l’opération.
Irak, destruction d’une nation, réalisé par Jean-Pierre Canet (Bel./Sui./Fr., 2020, 4 x 52 min). En replay pendant 60 jours sur France.tv.
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