Leur ambition ? Entrer au Congrès colombien, dimanche 13 mars. Leur nom ? Estamos Listas (« nous sommes prêtes »). Leur logo ? Une chouette, ailes ouvertes, « symbole de force et de sagesse », explique Erika Rodriguez, 27 ans, qui, dimanche 27 février, distribuait des tracts dans le centre de Bogota. « Il faut en finir avec le discours machiste qui veut faire croire que les femmes ne sont pas encore tout à fait prêtes à assumer certaines responsabilités, explique Erika. Notre nom dit notre conviction : nous sommes prêtes à décider, à agir et à gouverner. » Premier parti politique féministe de Colombie, Estamos Listas présente une liste de onze candidates au Sénat.
Trente-neuf millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire un nouveau Congrès, le 13 mars. Ils y reviendront le 19 mai pour le premier tour de la présidentielle. Les plus optimistes des militantes d’Estamos Listas espèrent obtenir 3 des 116 sièges au Sénat. Un chiffre ambitieux, puisqu’il faut d’abord que le mouvement passe le seuil de 3 % des votes exprimés. « Indépendamment du résultat de dimanche, l’existence d’un parti politique féministe est le signe que les lignes bougent en Colombie », considère l’avocate féministe Marta Tamayo.
A en croire les chiffres, elles bougent lentement. Les élections législatives de 2018 ont conduit 19,7 % de femmes au Congrès, un résultat qui place la Colombie à plus de dix points de la moyenne latino-américaine, loin derrière des pays comme Cuba, la Bolivie, le Mexique, l’Argentine, le Chili ou l’Equateur. La moyenne mondiale est de 24,5 %, selon l’ONU. « Le patriarcat étant ce qu’il est, les hommes ne sont pas prêts à céder le pouvoir, rappelle Elizabeth Giraldo, tête de liste de Estamos Listas. Et les femmes tendent à croire qu’elles ne sont pas capables de le leur disputer. »
Refléter la diversité
Le parti féministe est né à dans la ville de Medellin, au lendemain du référendum sur la paix de 2016 qui a vu la victoire du « non », et compliqué la mise en œuvre de l’accord signé avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). En 2018, Estamos listas emportait un siège au conseil municipal de Medellin.
Une leader paysanne, une psychologue non binaire, une indigène, une lesbienne, une juriste noire, une biologiste, une mère célibataire… La liste se veut le reflet de la diversité du pays. « Nous sommes la seule formation politique qui a joué le jeu de la démocratie pour l’élaboration de notre liste », rappelle Elizabeth Giraldo. Les 1 800 militantes du mouvement ont été associées au processus et seront consultées pour toutes les décisions à venir. Les futures élues d’Estamos Listas entendent exercer collectivement leur éventuel mandat sénatorial. Et transformer la politique.
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