A mesure que l’armée russe progresse en Ukraine, la communication officielle s’adapte et se réinvente, avec comme cible prioritaire le public russe, qui pourrait être saisi d’un doute devant la durée de l’opération ou ses motivations.
Après avoir laissé entendre que l’armée ukrainienne se rendrait sans combattre, les médias et les autorités du pays accusent désormais les « nationalistes » de s’abriter derrière les civils ou de leur tirer sciemment dessus, ou encore d’envoyer à la mort des « adolescents zombifiés ». Vendredi 5 mars, lors d’une rencontre avec des hôtesses de l’air, le président Vladimir Poutine évoquait, de son côté, la présence de combattants venus du Moyen-Orient et assurait que les Ukrainiens opposés à la guerre étaient « exécutés » par les leurs.
Les motivations à déclencher l’« opération militaire spéciale » font désormais l’objet de justifications nouvelles de la part de ces sources officielles ou quasi officielles. « Dénazification », « démilitarisation » ou « libération » de l’Ukraine sont toujours au centre du discours, mais s’y ajoutent d’autres thématiques qui, a posteriori, servent à démontrer la justesse de la décision prise par le chef du Kremlin.
Premier argument, le caractère défensif et inévitable de l’attaque russe. Le 3 mars, le président de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, assurait à la télévision que l’opération avait « sauvé des centaines de milliers de vies ». « Si on ne l’avait pas lancée, le lendemain, l’OTAN aurait attaqué, en utilisant les néonazis », selon Viatcheslav Volodine. Les médias russes ont repris cette théorie, lundi 7 mars, après la découverte, dans la région de Donetsk, d’un ordinateur appartenant au groupe ultranationaliste ukrainien Secteur droit, objet de toute l’attention des médias russes depuis 2014. Cet ordinateur comportant des « marquages de l’OTAN » aurait dévoilé les plans d’une invasion du Donbass, mais aussi de la Crimée, prévue le 8 mars.
Autre menace que l’intervention russe a permis d’écarter, celle du nucléaire. Le président russe a évoqué à plusieurs reprises, en termes vagues, l’hypothèse d’un danger dans ce domaine après un discours dans lequel le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’interrogeait, le 19 février, sur la validité du mémorandum de Budapest de 1994. Cet accord avait conduit Kiev à restituer son arsenal nucléaire soviétique en contrepartie d’une garantie de ses frontières par Moscou.
« Mise au point d’une bombe sale »
A en croire la presse russe, les plans ukrainiens étaient, en réalité, déjà bien avancés. Le 6 mars, les trois principales agences de presse russe, RIA-Novosti, Interfax et TASS, ont toutes cité des sources anonymes assurant que l’attaque russe avait empêché le développement par l’Ukraine d’une bombe nucléaire. Selon RIA et Interfax, « le programme se déroulait sur le site de Tchernobyl, et l’objectif était la mise au point d’une bombe sale. Les radiations relevées dans la zone [à l’arrivée de l’armée russe] montrent que le programme avançait ».
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