« Trou d’air », « mauvaise passe » et même « cauchemar » : la guerre en Ukraine inquiète au sein de l’équipe de campagne d’Eric Zemmour. Le candidat nationaliste a reculé de plusieurs points dans les enquêtes pour atterrir à 13 % d’intentions de vote, dans la sixième vague de l’étude Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, derrière Marine Le Pen (14,5 %) et Emmanuel Macron (30,5 %). Son entourage se scinde désormais entre le cercle « politique », saisi par le doute, et les « géopoliticiens » pro-Kremlin.
Tous ses partisans conviennent que la sortie était hasardeuse. « La Russie, j’en prends le pari, n’envahira pas l’Ukraine », assurait-il en décembre 2021. « Perdu, lâche Jean-Marie Le Pen au manoir de Montretout. Il a fait une faute de carre. C’est la marque d’un jugement douteux qui ne devrait pas le favoriser. » S’il avait soutenu M. Zemmour sur « l’obsession de l’inclusion » des handicapés, qui lui avait téléphoné pour le remercier, le fondateur du Front national (FN) se garde cette fois de lui porter secours.
Ses amis ont pressé Eric Zemmour de se faire petit. « Tais-toi, l’a prié Paul-Marie Coûteaux, jeudi 24 février. Ne tombe pas dans le piège qui est de dire ce qu’il y a dans ta tête. » Zemmour « condamne » d’emblée l’agression russe, mais persiste à tenir l’OTAN pour « responsable ». Désireux de « donner quelque chose » à Vladimir Poutine, selon ses mots, il s’oppose aux sanctions et à la livraison d’armes aux Ukrainiens, propose de sortir du commandement intégré de l’OTAN et de signer un traité excluant toute entrée de l’Ukraine dans l’Alliance.
Rencontre avec un proche de Poutine
Seul à se dire contre l’accueil de réfugiés ukrainiens, il persiste, malgré l’opinion favorable et les engagements de la France en matière d’asile. « Les Ukrainiens ne veulent pas venir, ils veulent rester près des leurs », maintient-il, mercredi 2 mars, sur CNews… à rebours de l’avis de son équipe de campagne et même de sa frange identitaire, militant pour l’Europe chrétienne et affolée par les Tchétchènes de Ramzan Kadyrov.
Ces flottements sont liés à sa vision géopolitique tournée vers « l’allié » russe, mais résultent aussi d’une stratégie de campagne obsessionnelle : dénoncer un « grand remplacement » et célébrer les valeurs traditionalistes. Comment gommer en un jour une ligne patiemment bâtie au fil des ans ? Son Suicide français (Albin Michel, 2014) trônait sur la table de chevet de l’ancien ambassadeur russe en France, Alexandre Orlov, qui y décelait « la vérité de la France d’aujourd’hui », relate Nicolas Hénin dans La France russe. Enquête sur les réseaux Poutine (Fayard, 2016).
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