Les cours du pétrole retombaient jeudi après une envolée à des niveaux record depuis 2008, tandis que les métaux ou matières agricoles dont la Russie est un important producteur poursuivaient leur course effrénée en raison des incertitudes sur l’approvisionnement générées par l’invasion de l’Ukraine.
Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du brut en Europe, a grimpé jusqu’à 119,84 dollars, frôlant le seuil des 120 dollars qui n’a pas été atteint depuis 2012. Vers 17H00 GMT, il était retombé à 112,76 dollars, en baisse de 0,1%.
Le West Texas Intermediate (WTI) coté à New York a quant à lui poussé jusqu’à 116,57 dollars, un nouveau sommet depuis septembre 2008, avant de redescendre à 110,01 dollars, en baisse de 0,53%.
« Les bruits de marché déclenchés par des sources iraniennes », notamment le journaliste Reza Zandi, « sur un accord avec l’Iran dans les prochains jours » faisaient retomber les cours du brut, a commenté Giovanni Staunovo, analyste de la banque UBS, interrogé par l’AFP.
Ce journaliste pétrolier iranien a tweeté jeudi qu’il avait reçu « des informations selon lesquelles un accord sur le nucléaire serait signé à Vienne dans les prochaines 72 heures », prélude selon lui au retour du pétrole iranien sur le marché mondial.
Les prochains jours sont perçus par les Occidentaux comme décisifs pour les discussions en cours à Vienne entre les grandes puissances et l’Iran pour relancer le JCPOA, le pacte conclu en 2015 entre l’Iran d’un côté, les États-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l’Allemagne de l’autre.
La flambée des prix en début de séance et ces derniers jours avait été déclenchée par la guerre en Ukraine, qui ne cesse de s’intensifier et par une « prime de risque » sur l’offre pétrolière en provenance du géant russe, accentuée par l’ »ajustement de positions spéculatives », selon Tamas Vargas, analyste de PVM.
Le président russe Vladimir Poutine s’est déclaré jeudi déterminé à poursuivre l’offensive contre l’Ukraine « sans compromis », et les forces russes pilonnaient plusieurs villes stratégiques, malgré le début de nouveaux pourparlers entre Kiev et Moscou.
« Même si les sanctions occidentales n’ont pas été jusqu’à interdire les exportations russes, l’offre de brut et de produits pétroliers du pays a clairement été touchée », notamment « parce que les sanctions financières rendent impossibles les achats de pétrole avec la Russie », souligne M. Vargas.
– Tensions sur l’offre en énergie –
Les entreprises occidentales « se sanctionnent elles-mêmes » en n’achetant plus de pétrole russe et « préfèrent trouver d’autres solutions car le risque de sanction augmente proportionnellement à l’intensité de la guerre en Ukraine », affirme Ipek Ozkardeskaya, analyste pour la banque Swissquote.
Un « désinvestissement » et une « réduction de l’exposition au pétrole russe », qui permettront à l’Occident d’imposer plus facilement des sanctions sur l’énergie russe si celles déjà infligées à Moscou « n’arrêtent pas la Russie dans son offensive », explique l’analyste.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) a décidé mercredi de s’en tenir à une ouverture des vannes au compte-gouttes malgré l’embrasement des cours.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a jugé cette posture « décevante », ajoutant qu’elle pouvait mettre sur le marché plus de barils de ses stocks stratégiques après avoir déjà puisé 60 millions de barils.
Le gaz naturel était lui aussi entraîné à la hausse, le TTF néerlandais ayant touché les 199,990 euros le mégawhattheure (MWh), un record historique. La Russie représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l’Union européenne. Le gaz britannique tutoyait pour sa part son record historique de décembre dernier.
– Course folle des matières premières –
Les autres matières premières dont la Russie est un important producteur restaient elles aussi dans une spirale ascendante.
L’aluminium, le charbon ont atteint de nouveaux records, tandis que le blé a atteint son plus haut niveau depuis 14 ans. La Russie et l’Ukraine représentent 30% du commerce mondial de blé.
La tonne d’aluminium a atteint jeudi à 3.755 dollars sur le marché londonien des métaux de base (London Metal Exchange, LME), un nouveau sommet historique, quand le nickel a grimpé à 27.976 dollars la tonne, un record depuis onze ans.
Le LME Index, un indice qui intègre les prix de l’aluminium, du cuivre, du plomb, du nickel, de l’étain et du zinc échangés sur le LME, a atteint mercredi un sommet historique à 5.046,7 points, soit une hausse de plus de 30% sur un an, illustrant l’envolée des cours des métaux industriels.
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