Jusqu’au lundi 28 février, Alko, le monopole public de vente d’alcool en Finlande, proposait une trentaine de produits d’origine russe à ses clients (sur près de 12 000 articles). Des vodkas surtout, mais aussi quelques mousseux, des bières et des vins blancs, totalisant 0,1 % des ventes annuelles du groupe. Cinq jours après le début de l’offensive russe en Ukraine, les bouteilles ont disparu des magasins et quand on tape « Russie » sur le site internet d’Alko, on apprend que « la recherche n’a donné aucun résultat ».
« La situation en Ukraine est exceptionnelle et choquante et nous la prenons très au sérieux », a déclaré Anu Koskinen, directrice des achats et de l’assortiment, pour justifier la décision de la compagnie publique de retirer l’ensemble des alcools russes de son catalogue. Les Finlandais n’avaient d’ailleurs pas attendu pour réagir : dès le 24 février, premier jour de l’invasion de l’Ukraine, ils avaient commencé à les bouder, choisissant plutôt, comme l’écrivaine Sofi Oksanen, la vodka Nemiroff parfumée à la poire − seul article ukrainien présent dans les rayons du monopole.
« Petites actions »
Alko n’est pas la seule société finlandaise à boycotter les produits russes. Le 28 février, l’association du secteur de l’hôtellerie et de la restauration (Mara) a recommandé aux restaurants de ne plus servir d’aliments ou de boissons venant du voisin de l’est, avec lequel la Finlande partage une frontière de 1 300 kilomètres. « Nous ne pouvons pas faire beaucoup, mais même de petites actions pour condamner l’agression de la Russie sont importantes », a expliqué son président Timo Lappi.
L’enseigne discount Tokmanni va reverser tous les profits réalisés sur les produits russes encore en vente à l’aide humanitaire en Ukraine
Numéro un de la grande distribution, le groupe S a, lui aussi, décidé de retirer l’ensemble des articles russes de ses magasins, soit une cinquantaine de produits, allant de la nourriture aux équipements sportifs. « Ce qui se passe en Ukraine est choquant et totalement répréhensible », a réagi Sampo Päällysaho, le vice-président du groupe, arguant que le boycott était une réponse à la demande des clients, désireux « d’influencer la situation à leur manière ».
Son principal concurrent, Kesko, a également suspendu l’achat de produits russes. Les gérants de ses magasins sont encouragés toutefois à vendre ce qu’ils ont en stock, pour éviter le gaspillage. Le groupe a précisé qu’il était en contact avec l’ambassade ukrainienne à Helsinki pour voir s’il était possible d’accroître l’offre de produits ukrainiens dans ses supermarchés. De son côté, l’enseigne discount Tokmanni va reverser tous les profits réalisés sur les produits russes encore en vente à l’aide humanitaire en Ukraine.
Autre cible du boycott : les stations-service Teboil, propriété du russe Lukoil. Plusieurs centrales syndicales, ainsi que l’association des automobilistes finlandais et la fédération des caravanes, ont suspendu leur collaboration avec la société, qui offrait des rabais à leurs membres. Une mesure dénoncée par le syndicat des pompistes, qui rappelle que les stations-service Teboil emploient 800 personnes en Finlande, dont les emplois sont aujourd’hui menacés.
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