© Reuters. PHOTO DE DOSSIER : Le logo de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, Allemagne, le 23 janvier 2020. REUTERS/Ralph Orlowski/
FRANCFORT (Reuters) – L’inflation dans la zone euro a atteint un nouveau record le mois dernier, intensifiant le dilemme politique de la Banque centrale européenne, qui doit transmettre un sentiment de calme au milieu des turbulences du marché liées à la guerre, mais également répondre aux pressions croissantes sur les prix.
L’inflation dans les 19 pays partageant l’euro s’est accélérée à 5,8% contre 5,1% en janvier, dépassant les attentes de 5,4% et déjouant également les prévisions de baisse de la BCE, selon les données d’Eurostat publiées mercredi.
Une hausse de 32 % des coûts de l’énergie a alimenté l’inflation le mois dernier, mais les prix des aliments non transformés ont également fortement augmenté, augmentant de 6,1 % et rendant l’inflation particulièrement douloureuse pour les familles à faible revenu.
Avec la flambée des prix de l’énergie en raison de la guerre de la Russie en Ukraine, l’inflation est presque certaine de s’accélérer encore plus dans les mois à venir, selon les analystes, et pourrait atteindre en moyenne environ 5 % ou plus cette année, soit plus du double de l’objectif de 2 % de la BCE.
Alors que les pressions sur les prix s’accumulaient depuis des mois, la BCE était presque certaine d’accélérer sa sortie de la politique ultra facile lors de sa réunion du 10 mars.
Mais la guerre a bouleversé ces plans, laissant les perspectives politiques incertaines.
Le problème pour la BCE est que, si la guerre devrait faire grimper les prix au-delà de toutes les prévisions cette année, elle est négative à la fois pour la croissance et l’inflation à plus long terme, un horizon plus pertinent pour la banque centrale.
Le coût élevé de l’énergie sape le pouvoir d’achat des ménages, ronge les marges des entreprises et pèse sur l’investissement. Ils sont également susceptibles d’avoir un impact sur le prix d’autres biens et services, en particulier les prix des denrées alimentaires, tout comme le coût le plus élevé de la production d’engrais.
Parallèlement, les conditions de financement se sont déjà resserrées, principalement en raison de la baisse des cours boursiers, notamment d’une baisse de 25 % de l’indice bancaire de la zone euro depuis la mi-février.
Le membre du conseil d’administration de la BCE, Fabio Panetta, une colombe politique au franc-parler, a déjà plaidé en faveur d’un report de tout nouveau resserrement de la politique.
Graphique : Prix du pétrole – https://fingfx.thomsonreuters.com/gfx/mkt/gkplgalzzvb/oilprices.JPG
Les faucons de la BCE soutiennent quant à eux que l’inflation est déjà élevée et généralisée, de sorte que le maintien d’une relance extraordinaire est injustifié et qu’un cadre politique plus neutre serait approprié.
Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a déclaré mercredi que, l’inflation allemande étant susceptible d’être plus élevée cette année qu’une prévision récemment relevée, la BCE devrait continuer à se concentrer sur la normalisation de sa politique.
L’inflation sous-jacente augmente également rapidement, suggérant que ce ne sont plus seulement les éléments volatils qui font grimper les prix.
L’inflation hors prix de l’alimentation et de l’énergie s’est accélérée à 2,9 % en février contre 2,4 % le mois précédent et une mesure encore plus étroite, qui exclut l’alcool et le tabac, est passée à 2,7 % contre 2,3 %.
Les faucons soutiennent également que les gens ordinaires ressentent de plus en plus la douleur d’une inflation élevée, il est donc également politiquement risqué pour la banque centrale de ne pas agir.
Les marchés, qui anticipaient il y a quelques semaines à peine 50 points de base de hausses des taux d’intérêt cette année, n’envisagent désormais qu’environ 15 points de base de hausses. Les rendements allemands à 10 ans, en territoire positif en février, ont atteint moins 0,41 % mercredi alors que les investisseurs réévaluent les perspectives politiques.
La BCE se réunira ensuite le 10 mars et la décision politique reste largement ouverte et sujette aux développements en Ukraine.
L’article L’inflation de la zone euro atteint un nouveau sommet, intensifiant le dilemme de la BCE Par Reuters est apparu en premier sur zimo news.