Plus les heures passent, plus la perspective d’une guerre invasion de l’Ukraine par la Russie semble vouée à se concrétiser. Dans la nuit de mercredi 23 à jeudi 24 février, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a adopté un ton alarmiste dans une adresse à la nation. Une invasion russe de l’Ukraine pourrait commencer « d’un jour à l’autre », au risque de « devenir le début d’une grande guerre en Europe », a prévenu M. Zelensky, parlant en russe et non seulement en ukrainien comme il en a l’habitude.
Le président ukrainien en appelle à la société civile russe
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, dans un discours personnel et plein d’émotion en langue russe, appelé la société civile en Russie à faire pression sur ses dirigeants pour prévenir une « grande guerre en Europe » qui pourrait débuter « d’un jour à l’autre ».
« Les Russes veulent-ils la guerre ? J’aimerais tant connaître la réponse à cette question. Et cette réponse dépend de vous, citoyens de la Fédération de Russie » a-t-il dit, accusant Moscou d’avoir déployé 200 000 hommes pour attaquer son pays et révélant avoir tenté de parler, sans succès, à Vladimir Poutine.
Dans la journée, l’Ukraine a commencé la mobilisation d’une quarantaine de milliers de ses réservistes, voté l’état d’urgence et annoncé être la cible d’une nouvelle cyberattaque « massive » visant des sites internet officiels.
La Russie dit avoir reçu une demande d’aide des séparatistes
Dans la nuit de mercredi à jeudi, le Kremlin a annoncé que les responsables des « républiques » séparatistes prorusses autoproclamées dans l’est de l’Ukraine avaient demandé l’« aide » de Vladimir Poutine pour « repousser l’agression » ukrainienne.
L’agence de presse russe d’Etat Tass a publié les courriers datés du 22 février, le jour où les parlementaires russes ont autorisé le Kremlin à déployer l’armée en Ukraine. Un appel dénoncé par l’Europe. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a ainsi averti sur son compte Twitter :
« La demande d’assistance adressée à Moscou par les régions séparatistes dites DPR/LPR (NDLR : Donetsk et Lougansk) annonce une étape supplémentaire très dangereuse contre la souveraineté de l’Ukraine qui mettrait des milliers de vies en danger. L’UE demande instamment à la Russie de s’abstenir de toute nouvelle escalade. »
La France réitère son soutien à l’Ukraine, mais appelle les Français à quitter le pays « sans délai »
La France recommande désormais à tous ses ressortissants de « quitter sans délai » l’Ukraine et leur déconseille formellement tout déplacement dans les zones frontalières du nord et de l’est du pays, les plus exposées au risque de guerre, dans un communiqué publié mercredi soir.
« Dans le contexte des vives tensions créées par la concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine, par la décision russe de reconnaître l’indépendance des provinces de Donetsk et de Lougansk et compte tenu de la mise en place de l’état d’urgence décidée ce jour par le Parlement ukrainien, les ressortissants français se trouvant en Ukraine doivent quitter sans délai ce pays », selon les derniers conseils aux voyageurs publiés par le ministère des affaires étrangères.
« Il est par ailleurs déconseillé de se rendre en Ukraine jusqu’à nouvel ordre. Tout déplacement dans les zones frontalières du nord et de l’est du pays est formellement déconseillé », selon le texte. Samedi, la diplomatie française avait « recommandé à tous les ressortissants français dont le séjour en Ukraine n’a pas de motif impérieux de quitter le pays ».
« Notre ambassade reste à pied d’œuvre à Kiev pour continuer son travail auprès des autorités ukrainiennes », a par ailleurs précisé mercredi soir la porte-parole du ministère des affaires étrangères. « Nous sommes en contact avec tous nos ressortissants par une campagne systématique d’appels », a-t-elle indiqué.
Un peu plus tôt, le président français Emmanuel Macron s’est entretenu par téléphone avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky à qui il a réitéré son soutien à l’Ukraine. « Le président de la République a réitéré son soutien à l’Ukraine et son attachement à la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays », était-il dit dans le communiqué.
Au peuple ukrainien, au Président Zelensky, ce soir, je redis notre soutien, notre attachement à la souveraineté et… https://t.co/jhNoHnteWs
— EmmanuelMacron (@Emmanuel Macron)
Le communiqué précisait également que le soutien que l’Union européenne peut apporter à l’Ukraine sera à l’ordre du jour de la réunion extraordinaire du Conseil européen prévue jeudi.
L’Europe sanctionne des personnalités, des élus et des banques russes
L’Union européenne a sanctionné mercredi le ministre de la défense et les chefs militaires russes, le chef de l’administration du Kremlin, la patronne de la télévision Russia Today et la porte-parole du ministère des affaires étrangères pour leur implication dans la reconnaissance des régions séparatistes d’Ukraine.
Les mesures européennes consistent en une interdiction de voyage et un gel des avoirs dans l’UE. Elles frappent au total 23 « personnalités de premier plan », trois banques, une société et 351 membres de la Douma. Adoptées mardi par les ministres des affaires étrangères de l’UE, elles sont entrées en vigueur mercredi soir avec la publication des identités et des fonctions au journal officiel de l’UE.
Il s’agit d’un premier paquet de sanctions et ni le président russe Vladimir Poutine, ni son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov ne sont concernés, avait précisé mardi le chef de la diplomatie européenne.
Mais les mesures frappent l’entourage de Vladimir Poutine avec le chef de son administration présidentielle, Anton Vaino et le ministre de la défense Sergueï Choïgou ; la porte-parole de M. Lavrov, Maria Zakharova, et plusieurs personnalités des médias comme Margarita Simonian, la rédactrice en chef de Russia Today et le journaliste Vladimir Solovev, tous deux accusés d’être des « figures de la propagande gouvernementale ».
Un vote attendu au Conseil de sécurité de l’ONU
Un projet de résolution des Etats-Unis et de l’Albanie visant à faire condamner la Russie pour ses actions à l’égard de l’Ukraine devrait être soumis incessamment au Conseil de sécurité de l’ONU, a-t-on appris mercredi de sources diplomatiques.
Ce vote devrait être organisé « dans les prochains jours », a indiqué à l’AFP une de ces sources sous couvert de l’anonymat. Il faut profiter du « momentum » favorable à l’ONU, qui a vu notamment l’Afrique condamner fermement lundi au Conseil de sécurité les actions de la Russie, a-t-elle ajouté. Mercredi, lors d’une très longue réunion de l’Assemblée générale des Nations unies consacrée à l’Ukraine, une très grande majorité de pays, de tous les continents, ont dénoncé le comportement de la Russie.
Le projet de texte obtenu par l’AFP prévoit que le Conseil de sécurité « condamne la décision de la Russie » relative à la reconnaissance des régions séparatistes de Donetsk et Louhansk et « réaffirme son engagement en faveur de la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues ».
En raison du droit de veto dont dispose la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité, ce projet de résolution est voué à l’échec dans cette enceinte. Il serait alors soumis à l’Assemblée générale de l’ONU où les résolutions n’ont pas de caractère contraignant et où il n’y a pas de droit de veto.
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