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Vladimir Poutine brandit ouvertement la menace d’une guerre d’ampleur

Le président russe, Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse avec Emmanuel Macron, à Moscou, le 7 février 2022. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE »

Après son coup d’éclat – la reconnaissance des républiques séparatistes du Donbass et l’enterrement du processus diplomatique avec l’Ukraine –, le président russe, Vladimir Poutine, allait-il relâcher la pression et temporiser ? Voire saisir la main tendue par les Européens, dont les premières sanctions, pour l’heure, paraissent limitées ?

La réponse est venue d’une courte conférence de presse improvisée, mardi 22 février, d’où il ressort que le chef du Kremlin choisit au contraire l’escalade, avec, à l’appui, la menace très explicite d’une guerre d’ampleur.

Vladimir Poutine a d’abord éclairci un point crucial : les frontières dans lesquelles Moscou reconnaît les deux entités séparatistes. Selon lui, ces frontières sont celles inscrites dans les « Constitutions » des deux républiques autoproclamées, c’est-à-dire l’intégralité des régions administratives (oblast) de Donetsk et de Louhansk, soit un territoire trois fois plus grand que celui qu’elles tiennent actuellement. Occuper ces territoires et élargir le front de plusieurs centaines de kilomètres impliquerait une offensive massive.

Une option maximaliste, alors même que le ministère des affaires étrangères russe ou la Douma, la chambre basse du Parlement russe, évoquaient les frontières « existantes » des deux républiques. M. Poutine assure toutefois que le tracé exact devra faire l’objet de « négociations » entre Kiev et les séparatistes, désormais ouvertement soutenus par l’armée russe, qui s’est déployée mardi sur leur sol. Moscou a par ailleurs signé avec Donetsk et Louhansk des accords « d’amitié et de soutien », pendant que le Conseil de la Fédération votait mardi pour permettre le déploiement de l’armée « à l’étranger ».

Requêtes nouvelles

En clair, après avoir perdu un levier de pression sur la partie ukrainienne (les accords de Minsk, morts et enterrés, de l’aveu même du président russe), Vladimir Poutine en crée un nouveau : la promesse de négociations afin d’éviter la guerre. L’offre n’est certes pas formulée ainsi, mais elle semble s’adresser également à l’Occident.

Autre escalade tout aussi flagrante, le président russe a demandé que l’Ukraine renonce d’elle-même à son ambition de rejoindre l’OTAN, mais accepte aussi un statut de neutralité et soit démilitarisée – requêtes nouvelles et perspectives inacceptables pour Kiev.

Retrouvant le ton adopté la veille lors de sa longue adresse à la Nation, Vladimir Poutine s’est interrogé : « Pourquoi le bien devrait-il toujours rester désarmé ? Je crois que le bien devrait pouvoir se défendre. C’est sur cette base-là que nous allons agir. » Mardi soir, le ministère des affaires étrangères russe a annoncé qu’il allait évacuer, « dans un avenir très proche », son personnel diplomatique travaillant en Ukraine.

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