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L’épopée fantastique des migrants d’Amérique centrale

Le flot de clandestins en route vers le rêve nord-­américain n’a pas fléchi. Malgré les restrictions sanitaires liées au Covid-19, 400 000 migrants ont tenté de traverser la frontière des Etats-Unis depuis le début de la pandémie. La plupart sont centraméricains, dont des femmes enceintes et des mineurs non accompagnés. Leur périple, à pied ou en stop, s’étend sur plus de 4 000 kilomètres : un parcours de tous les dangers.

La photographe hispano-belge Cristina de Middel transforme cette route migratoire très fréquentée en épopée. « Les médias dramatisent l’émigration clandestine. Pour moi, les migrants ne sont pas des victimes qui fuient, mais plutôt des héros audacieux qui relèvent des épreuves colossales pour atteindre leur but. »

Clichés, montages, collages

Entre documentaire et fiction, son projet Journey to the Center (« Voyage au centre », qui a reçu le prix Virginia 2020) s’inspire du célèbre roman de Jules Verne, associant sa quête du centre de la Terre à celle de jours meilleurs. Tel Axel dans le livre, la photo­journaliste de 45 ans tient un carnet de bord, mêlant clichés, montages, collages et autres documents d’archives, récoltés au cours du voyage des migrants à travers le Mexique.

« Ce pays est le tronçon le plus dangereux de leur parcours. Ils doivent déjouer les barrages militaires, les extorsions des fonctionnaires corrompus, les enlèvements contre rançon du crime organisé, les passeurs qui les perdent en chemin… » L’une des principales épreuves : « la Bestia » (« la Bête »), surnom donné au train de marchandises qui remonte à travers le Mexique. « Ils grimpent sur son toit. Certains s’endorment, tombent, se font sectionner une jambe ou un bras. »

Afin de limiter les risques, ils sont des milliers à se regrouper en caravanes pour voyager. Plus d’une douzaine d’entre elles ont quitté le Honduras depuis fin 2018. Elles se sont heurtées, comme le 19 janvier, aux militaires déployés aux frontières avec le Guatemala. Ceux qui ont réussi à passer doivent ensuite affronter les frontières mexicaine et, bien sûr, américaine.

Dispositif militaire

Stopper la construction du mur cher à Donald Trump fut l’une des premières mesures de Joe Biden, qui a aussi promis d’élaborer une ambitieuse réforme migratoire. Mais il ne s’est pas prononcé sur le dispositif militaire imposé par son prédécesseur. « Les migrants sont criminalisés », condamne la photographe engagée.

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