
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En politique, les symboles cimentent un récit, mais ils ne se suffisent pas. Le 20 janvier, Joe Biden a prêté serment sur une Bible de Douai, un détail relevé par l’Elysée. On peut y voir un clin d’œil adressé à la France, mais certainement pas une assurance de complicité bilatérale sur tous les dossiers à traiter. Le 24 janvier, Emmanuel Macron s’est entretenu avec Joe Biden, après l’avoir félicité de sa victoire quelques semaines plus tôt. Le compte rendu de l’Elysée énumère simplement les grands thèmes abordés, mais l’emploi à deux reprises du terme « convergence » illustre l’ambiance de travail, studieuse et apaisée.
Le président français ne prétend plus, seul, au rôle de porte-parole et de promoteur des démocraties libérales, comme ce fut le cas sous Donald Trump. C’est à la fois un soulagement et un changement de périmètre. Et cela n’altère nullement le projet d’autonomie stratégique européenne, revendiqué par M. Macron, dont les voiles doivent encore gonfler. Ce constat sera au cœur de l’intervention du président français, qui s’exprimera le 2 février en visioconférence avec des experts américains réunis par le think tank Atlantic Council, à Washington. « Merkel se retirera cette année de la scène, le Royaume-Uni est isolé à cause du Brexit, la dynamique est donc favorable pour Paris, estime Benjamin Haddad, directeur Europe de l’Atlantic Council. Cette équipe Biden ne jouera pas autant que Trump à diviser les Européens. »
Il s’agit de célébrer des retrouvailles les yeux ouverts, en mesurant bien qu’une horloge ne se remonte pas de quatre ans. « On est toujours dans cette relation ambivalente avec les Etats-Unis, plaide Tara Varma, directrice du bureau de Paris du European Council on Foreign Relations (ECFR). On appartient à la même famille, mais on devient adulte. » Pendant la présidence Trump, la coopération franco-américaine a été très étroite en matière de défense, de renseignement, de lutte antiterroriste. Sur le plan politique, le bilan est bien plus terne. L’unilatéralisme trumpien a causé des dégâts. Malgré les revers sur le climat ou l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA), dont Washington s’est retiré, Emmanuel Macron n’a jamais cessé de s’engager dans le dialogue particulier établi avec son homologue. Il était fait de familiarité, de gestes symboliques comme l’invitation au défilé militaire du 14 juillet 2017, de stratégie de contournement des « faucons » autour du président américain.
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